La révolution #MeToo a-t-elle vraiment fait son effet sur les mentalités masculines ? On s'interroge. Si l'on a jamais autant parlé de "mecs déconstruits", une nouvelle étude détaillée de Simone Media et de l'association En Avant Toute(s) vient nous remettre violemment les yeux en face des trous. Un sondage mené par la journaliste et autrice féministe Chloé Thibaud auprès de 1 115 individus âgés de plus de 18 ans, et relayé le 2 mars dernier, qui nous apprend que la culture du viol a encore de beaux jours devant elle.
Exemples ? Un quart des hommes ont déjà insisté pour avoir une relation sexuelle. Plus précisément, ils sont 25,4% parmi les voix recueillies par ce sondage a avoir déjà forcé cette relation en dépit du consentement de leur partenaire. L'incompréhension ou le refus du consentement, c'est la base de la culture du viol. Une assertion largement démontrée par des campagnes de sensibilisation qui s'invitent jusque dans les cours de récré.
Oui mais voilà, moins d'un homme sur deux (45,3%) considère que le mouvement #MeToo a eu un impact bien réel sur sa façon de se comporter. Qu'il s'agisse des attitudes dans la vie affective, ou sexuelle...
Le "monde d'après" n'est pas vraiment plus idéal. Parmi les chiffres accablants de "Simone Media", l'on apprend également que près d'un homme sur cinq (19,8%) aurait déjà été témoin d'une scène où un proche "tentait d'avoir un rapport sexuel avec une personne ivre ou droguée". Plus globalement par ailleurs, 8 hommes sur 10 (75,3%) ont déjà été témoins "d'un comportement inapproprié de la part d'un proche" envers une femme.
On le comprend, l'un des fléaux à la source des violences sexistes et sexuelles, c'est l'entresoi masculin. Une impasse qui banalise les agressions au nom d'un "boys club" clos sur lui-même : une solidarité mortifère. Doit-on s'en étonner ? Hélas non. En janvier dernier déjà, le rapport annuel du Haut Conseil à l'Égalité, prenant en compte l'expérience de 2 500 personnes, l'affirmait avec fracas : "Le sexisme ne recule pas. Il perdure et ses manifestations les plus violentes s'aggravent". Sexisme, harcèlement, refus du consentement...
80% des femmes ont la sensation d'avoir déjà été victimes de sexisme, 57 % des femmes détaillent avoir déjà subi des blagues ou remarques sexistes, 41 % des sifflements et gestes déplacés de la part d'un homme, 37% des femmes assurent avoir déjà vécu une situation de non-consentement, démontrait ainsi ce rapport.
On le devine, la route s'avère longue pour l'évolution des mentalités. Chloé Thibaud le déplore : "Non, tous les hommes ne sont pas des agresseurs ; oui, il y a beaucoup d'hommes qui n'ont rien à se reprocher. Mais puisque les chiffres concernant le sexisme et les violences faites aux femmes ne diminuent pas, force est de reconnaître que nous - hommes et femmes - faisons face à une situation alarmante. L'interrogation est : sommes-nous vraiment les seules à voir le problème ?". Gageons que ces chiffres sauront ouvrir quelques yeux.