Le verdict a été rendu dimanche 25 août, par la Cour suprême du Bangladesh, après 5 ans de bataille judiciaire. Désormais, les certificats de mariage musulmans du pays ne comporteront plus la mention "kumari", à cocher par la future mariée. "Kumari" signifie "célibataire" mais aussi "vierge", dans la langue locale. Quand une femme remplissait le formulaire en vue de son union, elle devait ainsi préciser si elle était "divorcée", "veuve" ou "vierge", contrairement aux hommes qui en étaient dispensés - et pouvaient donc se marier plusieurs fois. A partir d'aujourd'hui, ceux-ci auront également l'obligation de déclarer leur statut familial. Et "kumari" laissera la place à "obibahita", qui se traduit simplement par "femme non mariée", sans aucune ambiguïté sur sa sexualité.
"C'est un verdict historique", a déclaré Aynun Nahar Siddiqua, avocat des groupes qui ont déposé la plainte contestant le mandat en 2014. Selon plusieurs organisations de défense des droits des femmes, ce terme était une atteinte "humiliante" à la vie privée de leurs concitoyennes, rapporte la BBC. Et les lois maritales bengalis "réductrices et discriminatives". La victoire devant la justice incarne donc une véritable avancée pour ces dernières, dans un pays où la radicalisation musulmane fait de plus en plus pression.
Derrière ce combat se cache aussi une cause encore tragiquement commune : celle des mariages arrangés de mineures. Dans le 8e pays le plus peuplé au monde, avec 170 millions d'habitant.es, 59 % des femmes sont mariées avant leur dix-huitième anniversaire et 22 % d'entre elles avant l'âge de 15 ans, souvent avec des hommes beaucoup plus vieux, d'après un rapport de Girls Not Brides. Un chiffre qui ne fait qu'augmenter dans la province de Rangpur, située au nord du Bangladesh, où 15 ans n'est autre que l'âge moyen pour le mariage.
Si le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina s'est engagé à faire disparaître les unions arrangées d'ici 10 ans, et la loi a décidé depuis deux ans de limiter les autorisations de mariages de mineures, nombreuses sont les dérogations qui s'appliquent encore - notamment pour "question d'honneur", comme lorsqu'une jeune fille est enceinte, même si elle a été violée, indique Franceinfo.
La décision de la Cour suprême est donc essentielle, et "donne la conviction que nous pouvons nous battre afin de faire avancer les droits des femmes à l'avenir", appuie Aynun Nahar Siddiqua auprès de Reuters .