Il y a quelques jours, la marque américaine Nike postait une nouvelle pub pour sa ligne Nike Women. On y voit la mannequin et musicienne nigérienne-américaine Annahstasia Enuke prendre la pose en brassière, un bras levé, des chaînes argentées au cou et des créoles aux oreilles, le regard droit vers l'objectif et le tout sur un fond blanc.
Jusque-là, tout ce qu'il y a de plus banal. Sauf qu'un détail a attiré l'oeil des internautes, et ce n'est pas l'épingle à nourrice qu'elle s'est glissée dans le trou du lobe. Annahstasia a des poils sous les aisselles, et ça a l'air de déranger l'audience.
Ou du moins, quelques membres du fan club de Nike. Sur les commentaires, on peut lire les classiques "Tu devrais te raser", "Des poils d'aisselle, sérieusement ??" ou encore "Tu connais Gillette ?", suivi d'un emoji qui pleure de rire parce que oui, le mec (il s'agit d'un homme qui a lui même des poils sous les bras mais qui ne les tolère pas chez les femmes, soulignons-le) se marre à ses propres blagues.
Heureusement pour notre foi en l'humanité, la plupart des réactions sont positives et applaudissent le fait que la marque prenne les devants pour montrer les femmes au naturel, et célèbre les corps dans toute leur splendeur et diversité.
Notre préférée : "Je me rase les aisselles. Je viens de me faire épiler à la cire et je pense que c'est MAGNIFIQUE ! Nous devons laisser les gens ÊTRE et ne pas avoir cette idée préconçue de la beauté. Ce qui pousse sur notre corps est censé protéger - Coucou, sinon ça ne serait pas là ?! Cette femme vit une vie NATURELLE - pas une vie bombardée de connerie. Nike, vous avez créé ça ! #PrenezToutMonArgent".
De voir un tel débat s'élever parmi les commentaires suite à une simple photo d'une mannequin et de ses trois poils sous les bras (photo qui aurait été aussi belle avec une toison plus dense, soit dit en passant) prouve que le sujet a besoin d'être abordé pour être normalisé. Voir une femme au naturel pose encore problème, en 2019, et c'est là que Nike casse les codes - même s'il s'agit d'un coup marketing.
L'important, c'est que la discussion soit lancée, qu'on ait de plus en plus l'habitude de voir celles qui posent dans les pubs ou les magazines s'éloigner des standards de l'industrie de la mode et de la beauté, pour que l'opinion populaire se fasse enfin à la vue de nos corps sans artifices. Et que la société arrête de nous imposer son idée étriquée de ce à quoi doit ressembler une silhouette "féminine".
De plus, exprimer son avis quel qu'il soit peut aussi permettre à celles et ceux qui s'offusquent de réfléchir aux raisons qui les poussent à réagir négativement, et de déconstruire leur pensée. Se libérer des carcans patriarcaux est un cheminement, et il est essentiel d'échanger avec tous·tes pour y arriver.