Dimanche 28 avril, sous la pluie, une quarantaine de femmes (mannequins ou non) se sont rassemblées place du Trocadéro, dans le XVIe arrondissement de Paris, juste à côté de la Tour Eiffel. Elles ne portaient rien d'autre que de la lingerie, et des pancartes qui criaient leur ras-le-bol d'une industrie formatée qui ne laisse presque aucune place à la diversité.
"Proud of my body" ("Fière de mon corps"), "Diversity is Powerful" ("La diversité est puissante") ou encore "My Body is Flawless" ("Mon corps n'a pas de défaut"), le message est clair : elles veulent davantage de représentation.
A leur tête, Georgia Steirn, mannequin et membre du collectif The All Sizes Catwalk, qui ont défilé devant les passant·es pour célébrer leurs corps, leurs tailles et leurs beautés. "Par ce défilé, nous voulons montrer aux marques que les gens ont besoin de voir une entière variété de physiques, que ça leur fait du bien de se sentir représentés", affirme Georgia Stein à l'AFP. "Rien que d'un point de vue pratique, pour que la cliente visualise comment le vêtement tombe sur ses hanches."
Car si la seule taille représentée sur les podiums est un petit 36, seulement 18 % de la population féminine française pourrait en réalité porter des vêtements de ce gabarit. En moyenne, la Française ferait donc une taille 42 d'après Gloria, et il ne s'agit que d'une estimation.
"En France nous sommes très, très en retard sur le sujet", poursuit-elle. "On ne voit aucune diversité dans les campagnes publicitaires et sur les podiums. (...) Au-delà de 42, il y a 40 % des femmes qui font une taille 44 et qui ne peuvent pas s'habiller dans les marques de grande distribution".
Ce défilé, l'hôtesse de l'air de 32 ans l'organise avec des mannequins blanches, noires, mates allant du 34 au 52, et âgées de 18 à 45 ans. Une action qui veut faire bouger les choses dans l'industrie ultra-conditionnée de la mode, mais aussi le regard des gens sur leur propre corps et celui des autres. C'est en intégrant que la beauté ne rime pas uniquement avec taille longiligne que l'on arrêtera de nourrir les diktats nocifs, et que l'on s'acceptera telle que l'on est.
Accessoirisée d'ailes dans le dos, comme toutes les modèles du jour, Georgia Stein adresse une pique bien sentie au génat de la lingerie Victoria's Secret, qui avait refusé de faire monter des mannequins de toutes les tailles sur son podium sous prétexte que la marque vendait un "fantasme" : "Avec les ailes, on a voulu faire un clin d'oeil, pour dire qu'on est aussi des anges et qu'on vend du rêve".