Culture
"Bridget" : un grossier copier-coller de "Causette" ?
Publié le 6 août 2013 à 17:16
Par Marie-Laure Makouke
« Bridget », le dernier-né de la presse féminine a fait une arrivée remarquée dans les kiosques au début du mois. Beaucoup voient dans ce nouveau magazine, qui affirme que « Le féminisme n’est pas un gros mot », un grossier « copier-coller » de « Causette », la revue « plus féminine du cerveau que du capiton ». Mais les magazines ne s’inspirent-ils pas toujours les uns des autres ?
"Bridget" : un grossier copier-coller de "Causette" ? "Bridget" : un grossier copier-coller de "Causette" ?© DR
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Le viagra féminin, les pires sorties misogynes, la parité, le harcèlement de rue. Si le dernier-né de la presse féminine fait tant parler de lui depuis ce week-end, ce n'est pas à cause des thèmes abordés dans son numéro 1, mais plutôt de l'étrange ressemblance avec un magazine déjà existant. Maquette, typographie, titraille, couverture décalée et positionnement ouvertement féministe : le fondateur de Bridget s'est-il inspiré, pour créer son titre, de Causette, revue « plus féminine du cerveau que du capiton », lancée en 2009 ?

« Bridget a le même positionnement éditorial, le même format, le même prix »

Pour Grégory Lassus-Debat, fondateur et directeur de la publication de Causette, c'est une certitude. « La maquette et la direction artistique ont été repompées à 100 %. Et Bridget a le même positionnement éditorial, le même format, le même prix (4,90 euros). Même le papier est proche du nôtre, si ce n'est identique. Certaines rubriques ont été clonées, seul le nom étant changé : "On nous prend pour des quiches" devient ainsi « "Au secours" », s'est-il plaint à Rue89, site partenaire du magazine. Ne décolérant pas, il a également affirmé à L'Express.fr, qu'il s'agissait d'un « plagiat total ». Et de poursuivre : « Mais ce n'est pas si étonnant quand on connaît le personnage qui est derrière, Frédéric Truskolaski. C'est quelqu'un qui n'a aucun scrupule à piller les œuvres des autres. Nous avions publié une enquête sur ce monsieur dans nos colonnes, cette affaire ne vient que confirmer ce que l'on a déjà dénoncé. A-t-il créé Bridget à cause de notre article ? Il s'agit d'une sacrée coïncidence… Dans tous les cas, c'est un plagiat éhonté, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. »  

En 2009, Frédéric Truskolaski s'était déjà fait connaître dans le microcosme de la presse féminine. Pas forcément pour les bonnes raisons d'ailleurs. En 2009, plusieurs médias avaient ainsi dénoncé les conditions dans lesquelles avaient eu lieu, sous sa direction, la renaissance du magazine pour adolescentes 20 ans : collaboratrices sous-payées, faux témoignages écrits par les journalistes eux-mêmes et méthodes de management peu orthodoxes. « Dans la presse, c'est quelqu'un que tout le monde a dans le nez à cause de ses pratiques douteuses », insiste Grégory Lassus-Debat.

Frédéric Truskolaski, le patron de Bridget reste injoignable

Pour l'heure, malgré le litige « Causette vs Bridget », le patron de presse décrié reste injoignable, refusant visiblement de prendre part à la polémique. « Aucun numéro de téléphone, aucune adresse e-mail ne figure dans le magazine. Chez Bridget, on n'a pas ses coordonnées ou bien on refuse de les communiquer », indiquent en choeur L'Express.fr et Rue89. Quant au fondateur de Causette, il ne compte pas en rester là, envisageant déjà des poursuites judiciaires. « Nos avocats réfléchissent aux suites à donner, mais on ne va pas attendre 15 ans, on ne peut pas accepter ça sans rien faire », fait-il savoir.

Mais est-il dans son droit ? Les publications, qu'il s'agisse de presse féminine, généraliste ou spécialisée, ne se copient-elles pas les unes les autres ? Quoi qu'il en soit, s'il décide bel et bien d'intenter une action en justice, Grégory Lassus-Debat devra réussir à prouver que son nouveau concurrent, qui clame haut et fort que « le féminisme n'est pas un gros mot », publie un contenu similaire et qu'il tente volontairement de créer la confusion dans l'esprit des lecteurs afin de lui « voler » des parts de marché. Car c'est bien l'éventualité de perdre une partie, même infime, de son lectorat qui inquiète la direction de Causette qui s'estime plagiée. « Il y a de nouvelles lectrices potentielles, parties pour acheter un magazine féministe, et qui risquent d'acheter Bridget, parce qu'il est nouveau ou parce qu'il est bien placé en kiosque », s'inquiète-t-elle. La dure loi de la concurrence…

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