Camille Emmanuelle, c'est la plume derrière le génial Sexpowerment (ed. Anne Carrière) et le nécessaire Sang Tabou (ed. La Musardine). Un nom d'emprunt pour une autrice qui n'a pas peur de dire ce qu'elle pense.
On n'allait donc certainement pas se priver de l'interroger pour notre rendez-vous cul. Et on n'a pas été déçue. Entre réflexions justes et honnêtes sur la sexualité et confessions excitantes, elle nous parle liberté, James Franco et premier cunni.
Camille Emmanuelle : Au niveau personnel, cela peut être une forme d'empowerment quand on prend conscience qu'on peut être un sujet sexuel et pas uniquement un objet sexuel. Quand on se sent libre d'assumer ses désirs (et ses non-désirs) et de partager sur son plaisir avec son ou sa partenaire.
Plus globalement, au niveau sociétal, casser les clichés sur la sexualité fait bouger beaucoup de choses. Quand on comprend que les femmes ne sont, ni sexuellement, ni socialement, de petites choses fragiles, soumises, et douces, et les hommes, ne sont ni sexuellement, ni socialement, des dominants qui doivent "performer ", on dialogue mieux, entre sexes, on se respecte plus, on est plus égaux.
Breaking news : je suis plus adepte de mes doigts que de sextoys. Mais j'aime beaucoup les sextoys de la marque We-vibe, qui sont vraiment adaptés à l'anatomie sexuelle (féminine ou masculine).
J'ai su que la marque avait un secteur recherche et développement hyper pointu, et je dirais que ça se "sent" ! Ils ne sont pas juste "design" ou "chic", ils sont vraiment pensés et créés pour le plaisir.
Un des endroits les plus "sex" du monde, pour moi, c'est le Berghain, cette boîte de nuit berlinoise immense, majoritairement gay mais hétéro-friendly, où l'on croise des créatures de la nuit interlopes et magnifiques, et où l'on se sent totalement libre.
Il y en plus d'un ou d'une ! Mais je vais citer un auteur. J'aime bien ce début de lettre de James Joyce, à son femme Nora Barnacle : "Ma douce petite pute Nora".
Il faut absolument regarder les vidéos d'Erika Lust, sur son site X Confessions. C'est payant mais très peu cher. Il y a une diversité de pratiques, de fantasmes, mais toutes les vidéos sont formidables. Même quand on n'est pas excité·e physiquement, on l'est intellectuellement.
Sentir que je peux être libre d'être tout et rien à la fois. Active, passive, domina, soumise, féminine, masculine, cérébrale, animale, joyeuse, mélancolique, à bloc ou hyper flemmarde.
L'acteur James Franco. J'ai même écrit une nouvelle érotique sur lui. Je raconte que je l'interviewe et que, ultra-excitée, je fantasme sexuellement sur lui et perd le fil de l'interview.
Le texte s'appelle "Le jour où je n'ai pas couché avec James Franco". Je ne l'ai publiée, cette nouvelle. Je devrais peut être la lui envoyer...
Pas vraiment. La sexualité est un parcours, je n'ai pas du tout la même vie érotique et sexuelle aujourd'hui qu'il y a 20 ans, 10 ans ou même 3 ans (coucou la maternité).
Ceci étant dit, j'ai inventé un mot que j'aime bien : le fait d'être "pansensuel·le". C'est un peu comme la pansexualité, c'est autoriser la fluidité du genre, mais au sein même du couple.
Je ne comprends même pas qu'on puisse se poser la question. Va-t-on demander à un homme : "Est ce que vous vous sentez soumis, rabaissé, car vous avez la tête entre les cuisses de votre femme ?"
Levrette, missionnaire, ou brouette coréenne, on s'en fiche, tant que deux partenaires consentants y prennent du plaisir, non ?
Sachant qu'en plus, beaucoup de femmes ont un orgasme quand il n'y a pas seulement stimulation vaginale, mais aussi et surtout stimulation clitoridienne externe, et bien la levrette permet ça. Levrette forever.
Déception ? (rires). Non mais on se fait tout un monde, ado, de cette première fois, alors que je pense que dans 90 % des cas, c'est globalement un peu nul. Pour les garçons comme pour les filles. Et c'est normal.
Je pense qu'il faut arrêter de faire tout un mythe autour de cela. Sachant que "première fois", ça veut dire "première pénétration", ça limite un peu la définition du sexe.
Mon premier "coït" était tout pourri, mon premier cunnilingus était merveilleux.