Le cancer du sein triple négatif métastatique est la forme la plus sévère de la maladie. Mais un médicament peut toutefois rallonger de quelques mois - voire doubler - l'espérance de vie des malades : le Trodelvy.
"Selon les chiffres officiels, la médiane de survie est de 14 mois", explique à Franceinfo Claude Courtier, atteinte de ce cancer et fondatrice du collectif #MobilisationTriplettes. "Quatorze mois, c'est court. Alors, ce médicament, il permet de doubler l'espérance de vie", assure-t-elle.
Seulement, un problème majeur se dresse entre les patientes françaises (elles sont à peu près 600 à être concernées, rapporte l'AFP) et le traitement. Au-delà du fait qu'il soit encore en attente des autorisations européennes, celui-ci est uniquement réalisé par le laboratoire américain Gilead, détenteur du brevet, qui déclare ne pas avoir les capacités de production suffisantes pour fournir l'Europe.
Le siège français de l'entreprise avance toutefois une solution : en procurer en exclusivité à celles qui en auraient le plus besoin.
"Nous sommes en cours de construction de cette capacité pour l'Europe et pour les autres pays d'ailleurs, en dehors des États-Unis", détaille à Franceinfo Michel Joly, président de Gilead France. Pour le responsable, il faut encore patienter quelques mois afin d'y avoir accès de ce côté de l'Atlantique. "Nous aurons un médicament qui sera disponible au moment aussi de l'autorisation européenne de mise sur le marché, c'est-à-dire à la fin de l'année."
Un délai préoccupant pour les femmes qui, justement, ne possèdent pas ce temps précieux. Ce à quoi Michel Joly répond : "Mais en attendant, conscients bien sûr de la situation de ces patientes, nous avons pu prélever quelques milliers de flacons sur la production américaine pour donner accès au Trodelvy à quelques dizaines de patientes qui sont dans une situation d'urgence." 78, exactement, sélectionnées sur des critères qui restent flous, jusqu'à ce qu'une usine soit construite en Italie, précise le média.
Pour Claude Courtier, c'est loin d'être suffisant. Car elle le martèle : pas question de trier. Toutes les patientes devraient pouvoir bénéficier de cette chance de voir leurs jours se multiplier. "78 femmes, c'est super, mais, et les autres, on les laisse mourir ? Que fait-on ?", s'indigne-t-elle. "Fin décembre, une partie de ces 600 femmes sera décédée. On ne peut pas attendre."
Et d'ajouter, insistant sur un fait méconnu par les personnes qui n'y sont pas confrontées : "Ce qu'il faut bien comprendre aussi, c'est que ce cancer du sein triple négatif touche des femmes jeunes. De jeunes mamans, voire des mamans enceintes qui découvrent leur cancer du sein. Il faut absolument des solutions, on ne peut pas accepter ça, on ne peut pas rester sans rien faire, ce n'est pas possible."
Avec #MobilisationTriplettes, elle a ainsi décidé de n'exclure personne, et de demander à Gilead un "geste supplémentaire" : que le traitement soit prodiguer aux 600 malades françaises pour les prochains mois.