Robes de princesse pour les filles, petites voitures pour les garçons. Chaque année, les catalogues de jouets pour Noël égrènent les mêmes clichés. Comme le rapporte Rue89, Astrid Leray, qui a créé le cabinet d’études Trezego sur les questions liées à l’égalité hommes-femmes, a décortiqué 10 catalogues de jouets pour enfants afin de mesurer la différenciation entre les sexes à l’oeuvre dans ces publications. Les chiffres mis en avant dans cette étude en disent long.
Par exemple, d’après l’étude Trezego, la moitié des petites filles en photo dans les catalogues sont vêtues de rose, alors que seulement 35% des garçons portent du bleu. Les petites filles portent par ailleurs dans leur grande majorité des signes distinctifs féminins : barrette dans les cheveux, robes à fleurs, etc. En ce qui concerne l’attitude des enfants, l’étude note une rupture claire entre celle des garçons et celle des filles. Alors que 10% des garçons sont présentés dans une attitude active, 31% des filles photographiées sont passives, c’est-à-dire qu’elles apparaissent endormies, une peluche dans les bras sont endormies, ou tout simplement en train de regarder un autre enfant.
En analysant de manière détaillée les catalogues de jouets pour enfants, le cabinet Trezego montre l’univers genré et stéréotypé mis en scène dans ces publications, qui participent à l’intériorisation des inégalités hommes-femmes. L’étude se conclut ainsi : « Comme l’écrivait Mona Zegaï en 2010, les spécialistes du jouet véhiculent ‘une véritable idéologie de la différence des sexes’ où chaque enfant se voit réduit de 50% de ses capacités : aux filles l’intime et le relationnel, aux garçons la place active dans la société. »
Depuis quelques années, les stéréotypes véhiculés par les marques de jouets sont de plus en plus remis en cause et les initiatives apparaissent pour mettre fin à une différentiation jugée archaïque. Ainsi, les magasins U n’ont pas hésité à jeter un pavé dans la mare en lançant des catalogues de jouets dégenrés, quitte à choquer l’opinion publique. Aux Etats-Unis, une ingénieure a lancé une marque de jouets de construction pour les filles afin d’inciter celles-ci à lâcher leurs poupées pour s’adonner à des loisirs plus créatifs généralement réservés aux garçons. Au Royaume-Unis, plusieurs grandes enseignes britanniques se sont engagées à supprimer les rayons spécialisés « filles » et « garçons ».