Depuis début mai, le réseau social Facebook a revu sa politique en matière de censure de la nudité. Désormais, les photos présentant des scènes de naissance crues ne seront plus bannies. Et comme Facebook est propriétaire d'Instagram, cette nouvelle politique s'y applique également. Les deux réseaux sociaux sont encore tatillons en matière de nudité. On ne peut pas y voir d'images de règles ou de sein. La nudité en dehors du contexte de l'accouchement restera donc bannie, mais on peut voir des tétons de femmes après mastectomie ou en train d'allaiter. Un livre sorti en 2017 avait réuni toutes les images censurées par Instagram.
Cette décision fait suite au lancement d'une pétition par une infirmière, Katie Vigos, la fondatrice du Empowered Birth Project. Lancée en décembre 2017, elle avait réuni 22 000 signataires. A l'époque de la pétition, Katie Vigos demandait l'arrêt de l'assimilation des photos de naissance par ces réseaux sociaux à de la pornographie, de la violence graphique, de la grossièreté ou qu'elles soient considérées comme "repoussantes" pour les yeux du public. Son mouvement, l'Empowered Birth Project, né après qu'elle ait vécu trois accouchement difficiles, a pour mission de normaliser la naissance et de la libérer de la honte, de la stigmatisation et du tabou social. Elle souhaite de meilleurs partages d'expériences sur l'accouchement notamment sur les réseaux sociaux. Pour elle, ces photos devraient donc être considérées comme du matériel d'éducation.
L'histoire commence en décembre, après une énième photo supprimée par Instagram d'une mère ayant partagé la naissance de son fils et alors qu'elle est fatiguée de maquiller ses propres photos pour qu'elles passent la censure, Katie Vigos décide de reposter la photo de cette mère avec ce commentaire : "J'en ai marre, je m'en fous maintenant". La photo a été aimée plus de 30 000 fois et a reçu plus de 3000 commentaires de femmes qui parfois voyaient pour la première fois l'image d'une naissance. Au bout d'une semaine le réseau social supprime la photo. Elle lance la pétition.
Son appel a été entendu par Facebook. Dans une vidéo publiée sur son site en mai, Katie Vigos est fière de cet accomplissement : "C'est une grande grande victoire pour notre communauté de l'accouchement. Nous l'avons fait !".
Depuis, elle multiplie la publication de photos qui sont effectivement très crues mais elles ne font que montrer la réalité des accouchements qui sont trop souvent cachées aux femmes qui ne sont pas mères. On nous vend un accouchement comme un moment merveilleux, mais il est aussi entouré d'une sorte de halo de mystère. Avec ces photos, toutes les femmes, qu'elles veuillent avoir des enfants ou non, peuvent s'y confronter sans tabou. Ne pas montrer ce moment alimente les fantasmes ou la peur.
Si ces photos sont désormais autorisées, il faudra quelques temps pour que la technologie des deux réseaux sociaux arrive à faire la différence entre des images de naissances et de nudité dans d'autres contextes. Selon Katie Vigos qui rapporte les propos de la firme sur son compte Instagram : "Pendant cette transition, des bugs et des erreurs arriveront [...] Je choisis de rester optimiste et j'ai complètement la foi que si ce changement de politique n'applique pas ses promesses, nous pouvons nous réunir ensemble et faire du bruit jusqu'à ce que cela soit le cas. Tout comme cela a été le cas pour #IGallowuncensoredbirth [Instagram ne censurez plus la naissance]. Notre voix collective a été entendu auparavant et elle peut encore être entendue."
Si toutefois des photos de naissances étaient tout de même censurées, Katie Vigos a mis en place une adresse électronique où les personnes peuvent lui écrire pour lui signaler : allowuncensoredbirth@gmail.com