Imaginez la scène : vous êtes à un repas de famille et vous dégustez un véritable festin. Mais une fuite d'eau située au plafond juste au-dessus de vous menace d'inonder toute la maison.
Vous vous précipitez sur la table pour réparer le tuyau, tandis que votre grand-père continue tranquillement de lire son journal, que votre père s'empiffre de viande, que votre mère apporte de nouveaux plats sur la table et que votre petit frère demande s'il peut aller jouer. Visiblement, vous êtes la seule à vous inquiéter de la situation.
La fuite s'aggrave et la maison se transforme en une véritable piscine. Vous essayez tant bien que mal de vous réfugier dans un endroit au sec, avant de vous rendre compte que c'est trop tard : le quartier entier est inondé et vous comprenez que toute trace de vie humaine sera bientôt totalement engloutie par les eaux.
Voici le scénario imaginé par Maya Av-Ron, Mylène Cominotti, Marion Coudert et Sixtine Dano, quatre étudiantes de l'école de l'image Gobelins, qui ont réalisé le court-métrage d'animation Thermostat 6, dans le cadre d'un projet de fin d'études.
Dans ce film aussi réussi sur le fond que sur la forme, la maison représente la planète; la fuite d'eau, le réchauffement climatique. Les personnages symbolisent à la fois l'inertie, l'impuissance et l'incompréhension face à un danger qui menace pourtant l'existence entière de toutes les espèces vivantes.
L'absence de réaction des différents membres de la famille, à l'exception de l'adolescente qui essaie de réparer la fuite, montre l'indifférence générale des humains face à la menace imminente sur la planète du réchauffement climatique. "On s'en occupera demain", répond le père à sa fille quand elle lui fait remarquer qu'il est urgent de réparer la fuite d'eau.
Pour les étudiantes qui ont réalisé le film, Thermostat 6 est un moyen de "faire ressortir de manière positive et créative les peurs et stress liés au changement climatique".
"C'est un sujet qui me tenait vraiment à coeur et auquel je pense tous les jours ; je m'engage aussi bien dans ma vie quotidienne qu'auprès d'associations", explique Sixtine Dano au site Mr Mondialisation.
Fonte des banquises, mort des espèces marines, vagues de chaleur mortelles, séismes et ouragans à répétition... Les conséquences du changement climatique sont bel et bien visibles.
D'après des estimations de la Banque Mondiale, la planète comptera 100 millions de personnes supplémentaires vivant dans l'extrême pauvreté d'ici à 2030 si aucune action n'est prise pour limiter l'impact du réchauffement climatique.
La situation est devenue tellement critique qu'il ne s'agit plus de "sauver la planète", comme on le lit et l'entend souvent, mais de limiter la chute un maximum.
Comme nous l'expliquait en juin dernier Julien Wosnitza, auteur du manifeste Pourquoi tout va s'effondrer : "Tous les faisceaux d'indices, toutes les publications scientifiques, toutes les observations concordent : notre civilisation court vers un effondrement global."
Du point de vue de cet activiste, la seule solution pour "limiter les dégâts" serait de faire appel au contre-pouvoir citoyen : "En bloquant les abattoirs, même pendant quelques heures, on sauve des animaux. C'est en militant tous ensemble pour détruire des symboles qu'on arrivera peut-être à faire bouger les choses."