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Cet activiste de 24 ans nous alerte sur l'effondrement imminent de la planète
Publié le 29 juin 2018 à 11:18
Par Léa Drouelle
"J'ai 24 ans et j'ai compris que le monde allait s'effondrer". Dans son manifeste "Pourquoi tout va s'effondrer", Julien Wosnitza démontre l'effondrement inévitable de notre planète. Et nous explique que, si la chute est imminente, il existe des solutions pour limiter sa hauteur. Mais encore faut-il qu'on les applique.
Julien Wosnitza, 24 ans, auteur du manifeste "Pourquoi le monde va s'effondrer" Julien Wosnitza, 24 ans, auteur du manifeste "Pourquoi le monde va s'effondrer"© Getty Images
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Julien Wosnitza a 24 ans. Diplômé en finance, il a renoncé à son emploi de banquier et à une carrière toute tracée pour se consacrer à des missions humanitaires au sein de l'ONG Sea Sherperd. Au fil des années, il a fini par comprendre que le monde allait s'effondrer. Pas dans 100 ans, ni dans 50 ans, mais bientôt. Très bientôt.

"Ce n'est pas une intuition, mais une réalité. Tous les faisceaux d'indices, toutes les publications scientifiques, toutes les observations concordent : notre civilisation court vers un effondrement global. Fonte des glaciers, mort des océans, extraction de ressources à outrance, bouleversement sans précédent de la diversité, hausse continue du réchauffement climatique, accroissement des inégalités sociales... Et que fait-on ? Rien ! Ou presque rien. Pire, nous croyons encore pouvoir résoudre ces crises fondamentales par le système qui les a précisément engendrées."

Voici le constat dressé par Julien Wonistza dans son manifeste Pourquoi tout va s'effondrer, paru aux Éditions Les Liens qui libèrent. À peine une centaine de pages pour nous expliquer de manière très concrète et documentée comment et pourquoi l'effondrement de notre monde est inévitable, que le compte à rebours est lancé et que la solution suprême pour limiter la hauteur de la chute est de sortir du système capitaliste qui régie l'ensemble de nos sociétés et de nos systèmes politiques.

Ce militant écologiste porte un regard très pessimiste sur la capacité de l'être humain à changer ses habitudes de vie et préfère parier sur le levier du contre-pouvoir citoyen. Il a fondé l'association Wings of The Ocean et va prochainement naviguer dans les eaux des Caraïbes sur son propre bateau dans le cadre d'une mission de récupération des déchets plastiques. Sa devise : "seul on va plus vite, ensemble on va plus loin."

Terrafemina : Quelle est, selon vous, la 1ère chose concrète à mettre en oeuvre pour limiter la destruction de la planète ?

Julien Wosnitza : La seule solution serait en fait de diviser notre niveau de vie par dix. On ne peut pas garder le niveau de confort qu'on a aujourd'hui. Mais je reste assez pessimiste sur la capacité des gens à changer. Il y a notamment un problème de coordination entre les gens : mettons que demain je devienne vegan et vous zéro déchet. Vous n'allez pas pour autant devenir vegan, ni moi zéro déchet. Sans coordination, ces actions sont noyées dans la masse et donc elles sont moins efficaces.

Vous expliquez également que les méthodes les plus plébiscitées pour une consommation "plus verte" ne sont pas forcément les moins coûteuses et les plus rapides à mettre en place, comme par exemple, les énergies renouvelables...

J.W : Beaucoup de gens pensent qu'il suffit de mettre des éoliennes et d'autres installations écologiques pour réduire nos dépenses énergétiques. Sauf que pas du tout. À ce stade-là, nous devons tout changer, notre façon de voir, mais aussi de penser. C'est presque philosophique. Malheureusement, je doute très fort que cela puisse être fait dans les temps impartis par le réchauffement climatique. La plupart des experts et des scientifiques s'accorde à dire qu'il nous reste au maximum 15 ans pour changer radicalement.

L'une des solutions serait-elle d'interdire l'exploitation animale ?

J.W : Oui, mais on en revient toujours à la même chose. Il faudrait que tout le monde le fasse. Avec des "si" on change le monde. Le problème, c'est que le monde est effectivement en train de changer, mais malheureusement pas dans le bon sens. Depuis combien de temps on nous dit qu'il faut tous s'unir pour sauver la planète !

Mais avez-vous déjà vu des mouvements de masse avec 7 milliards de personnes qui se sont réunies pour agir ensemble ? En interdisant l'exploitation du bétail dans le monde, on pourrait arrêter 50% de la pollution mondiale. Il suffirait d'une loi, qui pourrait être actée demain matin. Mais les chances pour que cela se produise sont très maigres.

Il suffit de voir ce qu'il se passe en France avec les États généraux de l'alimentation, qui ont été une défaite totale. Les mesures sur les interdictions de l'usage de pesticides et sur le bien-être des animaux ne vont pas du tout dans le bon sens. Nos dirigeants ont voté contre les animaux, contre l'écologie, pour la destruction de la planète. En un mot, pour l'anéantissement de l'humanité. Tous les preneurs de décision d'aujourd'hui sont des tueurs à gage.

L'espèce humaine a de grandes chances de ne pas survivre avant 2100. Et tout le monde vit bien avec ça y compris les politiques qui, eux, savent très bien ce qu'il est en train de se passer. Même les pires dictateurs de l'histoire n'avaient pas pour vision de tuer toute l'humanité. Nos dirigeants actuels sont dans cette optique là, ils en ont parfaitement conscience. Et le pire, c'est qu'ils ont des peuples pour les applaudir.

Vous attirez également l'attention sur le fait que 85% de la déforestation amazonienne est liée à la production de denrées alimentaires pour nourrir du bétail, en comparaison de 5% représentés par l'huile de palme. Pourquoi ce phénomène est-il si peu médiatisé ?

J.W : On en parle peu car si on le faisait, les gens changeraient leur argumentation. Il y a tout une contre-propagande à destination des végétariens et des vegan. Parce que vous comprenez, "c'est viril de manger de la viande et de préparer des barbecues". Eh oui, on entend beaucoup de conneries.

Ça me fait toujours délirer quand je vois un papa manger un gros steak avec son enfant. Dans ces moments-là, je me dis : "tous les jours, tu milites pour préserver un monde dans lequel ton fils ne vivra pas au-delà de ses 40 ans".

Déforestation en Amazonie © Getty Images
En 2015, la Cop21 avait abouti à la signature des Accords de Paris qui s'engageaient à maintenir la température du globe en dessous de 2°. Sans quoi, des villes comme New York et Miami n'existeront plus d'ici 2050...

J.W : Les experts se sont rendus compte qu'à 3,5 degrés, il va y avoir des mouvements de population énormes. Des grands fleuves d'Asie comme le Gange vont se retrouver complétement à sec pendant 3 ou 4 mois : 1,5 milliards de personnes qui vivent autour en dépendent. Et ça, c'est un scénario de Cop21. Il divise la population par 5 d'ici 2100. Ce qui reste ultra-optimiste, puisque les Accords de Paris ne sont pas du tout appliqués.

Nous sommes plus de 7 milliards sur la planète. Or, la richesse mondiale est détenue par 1% de personnes, ce qui contribue fortement à creuser les inégalités sociales. Pour sortir du système capitaliste et réduire ces inégalités, vous proposez d'instaurer le salaire à vie, qui fait beaucoup penser au revenu universel...

J.W : En fait, il y a deux manières de voir les choses. Certains ultra-capitalistes sont favorables au revenu universel, mais pour mieux amadouer la population. Un peu comme si on vous disait qu'on donne 600 euros à tout le monde chaque mois, mais qu'on se retrouve tous auto-entrepreneurs. Comme ça, l'employeur peut virer les gens comme ils le souhaitent en leur prétextant, que de toute façon, ils ont déjà un revenu de base.

Le salaire à vie suggéré par Bernard Friot auquel je fais mention dans mon livre me plaît davantage : c'est très intéressant car ce système nécessite une sortie du capitalisme. Un tiers du PIB français est capté en "revenus du capital". Si l'on redistribue cette partie, ajoutée à la somme déjà consacrée aux salaires et cotisations, on peut procurer un salaire à vie à tout le monde.

Au glacier Perito Moreno, un iceberg tombe sur le lac Argentino près d'El Calafate, en Argentine © Getty Images
Si les initiatives individuelles ne sont pas suffisantes par manque de coordination, que les blocages politiques empêchent la sortie du capitalisme, et donc la survie de la planète, quelle est la solution pour limiter la chute ?

J.W : Ce que je vois comme possibilité, c'est qu'une partie de la population activiste, vraiment activiste, décide de rendre la monnaie de leur pièce à tous ceux qui prennent des décisions écocides. J'ai moi-même milité au moment où la loi agriculture est passée au Sénat [mi-juin] et où les sénateurs ont refusé l'interdiction des pesticides néonicotinoïdes, qui tuent les abeilles.

On savait que le maire d'Angers, qui est sénateur, avait participé au vote. On lui a donc pourri son conseil municipal, en débarquant et en chantant à tue-tête des chansons de Maya l'abeille. On a aussi campé devant sa maison, ainsi que celle de ses parents. À la fin, il n'en pouvait plus. On lui a dit : "tu as voté pour une mesure qui va tuer les abeilles, et donc l'humanité, maintenant tu assumes."


Je pense que si les hommes politiques devaient réellement assumer leur vote, ils y réfléchiraient à deux fois. Et c'est précisément ce contre-pouvoir citoyen qui peut leur faire prendre conscience de leurs actes. Je ne parle pas d'actions violentes, mais d'actions militantes, qui consistent à avoir ces personnes à l'usure.

En bloquant les abattoirs, même pendant quelques heures, on sauve des animaux. C'est en militant tous ensemble pour détruire des symboles qu'on arrivera peut-être à faire bouger les choses.

Julien Wosnitza, 24 ans, auteur du manifeste "Pourquoi le monde va s'effondrer" © Les liens qui libèrent

Julien Wosnitza, Pourquoi le monde va s'effondrer, Éditions Les Liens qui libèrent, 9,50 euros.

Mots clés
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