Le One Planet Summit, premier grand sommet du climat organisé à Paris depuis la COP21, s'est tenu ce mardi 12 décembre. Plus de 50 chefs d'états du monde entier étaient réunis sur l'île Seguin, à Boulogne-Billancourt, pour déterminer comment orienter les finances des pays vers une économie plus verte. Cette rencontre était aussi l'occasion de faire le bilan sur le respect de l'Accord de Paris, approuvé à l'issue de la COP21 le 12 décembre 2015. Principal objectif de l'accord de Paris : maintenir la température planétaire en deçà de 2°C.
Pour y parvenir, les pays riches doivent débourser 100 milliards de dollars d'ici 2020. Plus précisément les pays du Nord (Etats-Unis, Canada, Russie) et les pays producteurs de pétrole (Arabie Saoudite, Chine, Émirats Arabes Unis), qui sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre depuis ces 70 dernières années. Ces derniers puisent en effet la plupart de leurs ressources énergétiques dans les combustions d'énergie fossiles (gaz naturel, charbon, pétrole), ce qui impacte directement la croissance économique et freine la transition énergétique des pays de l'hémisphère sud. D'après des estimations de la Banque Mondiale, la planète comptera 100 millions de personnes supplémentaires vivant dans l'extrême pauvreté d'ici à 2030 si aucune action n'est prise pour limiter l'impact du réchauffement climatique.
L'enjeu du One Summit Planet (également surnommé Sommet Macron ou COP21bis par les ONG environnementales) est donc de taille, puisque les dirigeants doivent d'une part déterminer quels financements mettre en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et comment subvenir aux besoins des pays les plus touchés par le réchauffement climatique d'autre part. Et le temps presse, surtout depuis le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris. Le "climatosepticisme" n'a pourtant plus de raison d'être. Car les conséquences du réchauffement climatique sont hélas bien réelles et un grand nombre d'entre elles sont déjà parfaitement visibles.
Cette année, les îles Fidji ont présidé la 23e conférence des Nations Unies sur le climat (COP23), qui s'est tenue du 6 au 17 novembre dans la ville de Bonn (Allemagne). Le choix de ce pays est loin d'être fortuit : ces îles sont en effet menacées de disparaître sous la montée des eaux, amplifiée par le réchauffement climatique. En 2006, le pays a dû affronter le cyclone Winston de force 5, responsable de nombreux dégâts humains et matériels. Cette catastrophe a causé le décès d'une vingtaine de personnes et le déplacement de 55 000 habitants.
Les mois d'août et de septembre 2017 ont été marqués par les dévastateurs ouragans Harvey et Irma. En l'espace de quelques jours, ces violentes tempêtes tropicales ont dévasté une grande partie du Texas et plusieurs îles des Caraïbes, dont Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Bien que ces ouragans meurtriers ne soient pas directement provoqués par le réchauffement climatique, ce phénomène contribue cependant grandement à les amplifier. Aux États-Unis, le coût des dégâts matériels provoqués par ces ouragans s'élève à environ 290 milliards de dollars.
Au cours de l'été 2017, certaines villes d'Italie (Florence, Rome, Venise) ont vu le thermomètre grimper jusqu'à 50 degrés. La canicule observée dans les pays d'Europe du Sud en août 2017 a fait plusieurs morts et causé des dégâts évalués en millions d'euros, rappelle le HuffPost Maghreb. L'article indique que les scientifiques ont décrit ce phénomène comme "un avant-goût de ce que le réchauffement climatique réserve au continent dans les décennies à venir."
D'après l'évaluation de l'Agence européenne pour l'environnement datée de 2012, l'impact du changement climatique se répercute sur l'ensemble du continent européen, avec des températures plus élevées dans les pays du nord et une diminution des précipitations dans les pays méridionaux. Toujours selon le rapport, la décennie 2002-2011 a enregistré un taux de chaleur record en Europe.
À Kivalina, île village de l'Alaska (Amérique du Nord), les habitants sont considérés comme les potentiels premiers "réfugiés climatiques" du continent américain. En novembre dernier, les 450 habitants de ce village ont dû se préparer à affronter une tempête des vents du sud-ouesten provenance du détroit de Béring, présageant des vagues de plus de deux mètres vers Kivalina. Heureusement, des débris de glace répartis sur la plage ont pu préserver les habitants de la montée des eaux. Mais l'île, rongée par l'érosion, reste fortement exposée au risque de graves inondations. Comme l'a expliqué au journal Le Monde Reploge Swan, chef secouriste à Kivalina, "la banquise côtière, qui a toujours formé un rempart naturel s'est dramatiquement amincie ces dernières années." Un changement directement imputable au réchauffement de la planète.
Ces derniers jours, le photographe canadien Paul Nicklen pour le magazine américain National Geographic a diffusé des images bouleversantes sur son compte Instagram, dont une d'un ours polaire affamé sur l'île de Baffin au Canada. Loin de son milieu naturel, l'animal se hisse tant bien que mal sur une pente à la recherche de nourriture, avant de s'écrouler. Dépeinte comme le symbole du réchauffement climatique, cette photo a déjà fait le tour du monde.
Comme l'a rappelé le magazine Sciences et Avenir avec l'AFP, les glaces hivernales de l'Arctique battent un triste record en atteignant péniblement les 14,42 millions de km2. Elles connaissent leur étendue la plus faible depuis 38 ans. Aujourd'hui, il ne reste plus que 8.6 millions de km2 de glace en arctique, contre près de 10.7 millions de km2 en temps normal. En l'espace de 10 ans, l'Arctique a perdu une quantité de glace équivalente à la superficie de l'Irak (près de 435 000km2.)
Il n'y a pas qu'en Alaska que la montée des eaux menace la survie des habitations terrestres. En effet, des données satellites confirment que depuis 1993, le niveau des mers et des océans s'élève régulièrement, rappelle Futura Planète. En 2016, une étude américaine publiée dans Nature évaluait le niveau d'augmentation des mers à 2 mètres d'ici 2100 et à plus de 5 mètres en 2500 si les émissions de gaz à effet de serre ne se réduisent pas. Une donnée confirmée par le rapport 2016 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui estime le niveau d'élévation des océans à 1 mètre d'ici 2100.
Le changement climatique expose dangereusement les forêts aux incendies. Selon des chercheurs de Météo-France, le nombre de feux de forêt connaît une recrudescence depuis les années 60 et devrait encore augmenter au cours du 21e siècle. L'été dernier en France, des centaines d'hectares ont été détruits dans les Bouches-du-Rhône et dans les Pyrénées-Orientales après des incendies ravageurs. D'autres pays méditerranéens ont été touchés à la même période comme la Croatie, l'Italie ou le Portugal.
Alors qu'en France, les risques des feux de forêt se concentrent à 80% dans les régions du sud-est et du sud-ouest, l'assèchement des végétations lié au réchauffement climatique menace de s'étendre dans d'autres régions de l'Hexagone comme le sud du massif central, l'Ardèche ou la Drôme, a indiqué Alain Lesturger, directeur général de la Fédération nationale des communes forestières, cité par Le Parisien.
À l'heure actuelle, il n'existe pas de statut officiel de réfugié climatique. Pourtant, l'ONU prédit 250 millions départs dans certains pays exposés à des catastrophes naturelles (à l'instar des îles Fidgi) et qui ne seront peut-être plus habitables d'ici 2050. D'après les données recueillies par l'Internally Displacement Monitoring Centre, 83,5 millions de "réfugiés climatiques" ont déjà été recensés de 2011 à 2014.
En juin 2017, une terrifiante étude publiée dans la revue Nature Climate Change faisait mention de vagues de chaleur mortelles provoquées par le changement climatique. Chercheurs à l'université de Hawaï, les auteurs ont examiné plus de 19000 décès dus à des vagues de chaleur dans 36 pays du monde sur une période de 34 ans (de 1980 à 2014). Ces derniers ont constaté que le risque de décès liés à une chaleur intense augmente fréquemment depuis 1980. À ce jour, environ 30% de la population mondiale s'expose à un risque de décès par forte chaleur pendant au moins 20 jours par an, indique l'étude. Ce pourcentage pourrait passer à 48% en 2100, et ce même si l'Accord de Paris est respecté et que les émissions de gaz à effet de serre sont réduites.
Les ours polaires ne sont pas les seules espèces menacées par le réchauffement climatique. D'après le GIEC, les conséquences du réchauffement climatique qui se traduisent déjà par les montées des eaux, les acidifications des océans, la fonte des glaciers et l'assèchement des régions tropicales vont conduire à une disparition massive de plusieurs espèces animales et végétales. Sur les 82.954 espèces animales et végétales, suivies par l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), 23.928 sont menacées de disparaître selon la liste rouge de l'UICN dévoilée en septembre 2016.