Drôle de climat en cette fin de COP23. La 23e conférence mondiale sur le climat qui s'est déroulée à Bonn, s'achève sous une pluie de plaintes pour harcèlement sexuel déposées ce vendredi 17 novembre. À croire que cette année, le sommet international était placé sous le signe de la femme. En effet, les négociations entre les États présents à la conférence ont abouti à la création du premier plan d'action écologique en faveur de l'égalité des sexes. Cette décision résulte de longues années de réflexion sur l'impact néfaste du réchauffement climatique sur les femmes dans plusieurs parties du monde.
En effet, comme nous l'expliquait Lucile Dufour, de Réseau Action Climat, "les femmes sont les premières à être touchées par les impacts du réchauffement climatique, notamment dans certains pays d'Afrique et d'Asie, où elles restent assignées à certaines tâches domestiques, comme aller chercher l'eau ou le bois". Les pays africains qui connaissent de grandes périodes de sécheresse peuvent également avoir un impact non négligeable sur la physiologie de leurs habitantes, souligne par ailleurs un article publié sur Euractiv en partenariat avec Le Journal de l'Environnement.
Dans son ouvrage Soeurs en écologie, la journaliste Pascale d'Erm rappelle qu'en Afrique, 70% des non-voyants dans le monde sont des femmes, à cause d'une infection bactérienne liée à des eaux insalubres qui rend aveugle. "Il y a souvent une expérience particulière des femmes dans la pratique de ces liens avec la nature. En Afrique, les femmes n'ont pas le droit à la terre, même si elles sont responsables à 90 % des ressources, ce qui leur donne parfois une conscience particulière", a expliqué l'auteure dans une interview accordée à Télérama en juin dernier.
Si les femmes sont les premières à pâtir du réchauffement climatique, elles restent paradoxalement très peu représentées dans les institutions et ONG qui participent activement aux négociations climatiques. Ce problème avait déjà été souligné lors de la COP20 en 2014, puis remis sur le tapis deux ans plus tard lors de la COP22 qui s'est déroulée en novembre 2016 à Marrackech (Maroc). À l'époque, un plan d'action en faveur de l'égalité des sexes avait été évoqué, mais sans jamais vraiment se concrétiser.
Il aura donc fallu attendre 2017 pour que le projet soit couché sur le papier. Pour l'heure, le plan d'action s'étend sur 8 petites pages. Le document engage les États impliqués dans la Convention-cadre de l'ONU sur le changement climatique à "intégrer une perspective de genre dans tous les éléments de l'action engagée pour le climat", et ce de manière "systématique", indique un article publié dans Les Nouvelles News.
D'après Euractiv, le plan préconise la mise en place d'ateliers destinés à sensibiliser les États à donner plus de places aux femmes dans les délégations d'experts, de négociateurs et de diplomates. Dès l'an prochain, les gouvernements devront présenter un premier bilan des actions mises en oeuvre. Une initiative encourageante et nécessaire pour la cause et la place des femmes dans l'écologie... À condition que ce plan ne reste pas à l'état de simple projet.