Si Nathalie Biancheri est Italienne, c'est au Royaume-Uni qu'elle a débuté sa carrière en tant que journaliste à la BBC et travaillant sur de nombreux documentaires. Et c'est finalement cette année qu'elle a sauté le pas avec son premier long-métrage, l'intense et très prometteur Nocturnal. L'histoire d'une rencontre étrange entre une étudiante introvertie et un trentenaire mystérieux, présentée dans la section "Hauteur" des Arcs Film Festival.
Alors qu'elle a monté sa propre compagnie pour contourner le sexisme de l'industrie, Nathalie Biancheri nous parle de sa place de femme dans le milieu encore très masculin de la réalisation et de ses inspirations.
Nathalie Biancheri : Je pense qu'il y a de plus en plus de réalisatrices qui s'expriment et que la situation est en train de s'améliorer. Mais pour répondre à votre question, je pense que la peur est un élément. Une peur qui n'est pas vraiment tangible ou définissable, mais qui est l'un des stéréotypes culturels avec lesquels les femmes ont grandi. On ne nous apprend pas à nous jeter dans l'incertitude, à prendre des risques, à adopter des comportements "masculins" comme l'esprit de décision. Je pense que c'est une grande partie du problème.
N.B. : Bien sûr que j'ai connu ça ! Qui ne l'a pas expérimenté ? La plupart du temps, ce sont des producteurs miteux qui prétendent vouloir faire votre film mais qui veulent en fait coucher avec vous... J'en étais malade. Du coup, j'ai décidé de lancer ma propre société en compagnie d'une autre femme. Au moins, ce problème était réglé !
N.B. : En Irlande, là où je vis, il y a d'énormes opportunités en ce moment, c'est impressionnant. En Italie par contre, mon pays d'origine, il n'y a pas autant d'avantages, mais nous avons de beaux exemples de super réalisatrices comme Alice Rohrwacher.
N.B. : Je ne l'ai pas particulièrement vécu, tout comme je n'ai pas été particulièrement surprise. J'ai juste pensé qu'il était temps que ces choses sortent enfin. Je pense qu'il y a beaucoup de changements qui sont en train d'advenir pour les femmes dans l'industrie. Nous devrions faire attention à ne pas diaboliser constamment la situation et reconnaître les avantages qui existent dans les pays occidentaux pour aider les femmes.
N.B. : Les écoles devraient être ciblées et les femmes devraient être motivées dès le plus jeune âge afin qu'elles se sentent plus confiantes et sentir qu'elles ont le droit de faire ce qu'elles veulent. Je pense que par ce biais, il y aurait plus de talents féminins et des films meilleurs. Je me méfie des quotas et de la promo de certains films juste parce qu'ils ont été faits par des femmes et pour atteindre certains chiffres. Le rêve ? Que le fait d'être un homme ou une femme ne compte plus et que l'on ait plus à spécifier qu'on est une "femme réalisatrice". Juste une réalisatrice.
L'actrice Frances McDormand
Quel est votre film "féministe" préféré ?
N.B. : Je ne pense pas vraiment aux films en ces termes, mais le film que j'adore regarder et qui a deux personnages principaux féminins sera toujours Thelma et Louise.
N.B. : Il y en a tellement ! Mais si je devais n'en choisir qu'une, ce serait peut-être Frances McDormand. Elle est juste incroyable.
N.B. : Ruth Bader Ginsburg, membre de la Cour suprême des États-Unis. J'ai découvert son histoire cette année. C'est une nana vraiment cool.