Les défenseur·e·s des animaux célèbrent une grande victoire cette semaine, suivant les annonces faites par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Il était grand temps que la France rejoigne la liste croissante des pays ayant légiféré concrètement pour mettre fin à la souffrance des animaux dans les pires industries qui les exploitent : l'élevage et le massacre de visons pour leur pelage, la détention de cétacés dans des parcs marins et l'exploitation des animaux sauvages dans les cirques itinérants.
En début d'année, PETA a décidé de clôturer sa célèbre campagne "Plutôt à poil qu'en fourrure", à laquelle ont participé de nombreuses célébrités, dont Penélope Cruz, Eva Mendes et bien d'autres. Pourquoi ? Parce que, en France comme à l'international, on constatait enfin le déclin manifeste du commerce de la fourrure.
Les deux dernières années ont été marquées par des annonces fusant l'une après l'autre de créateurs s'empressant de retirer toute fourrure animale de leurs collections : Chanel, Jean Paul Gaultier, Prada, Versace, Gucci et tant d'autres. La reine d'Angleterre a annoncé passer dorénavant à la fausse fourrure pour la confection de ses tenues officielles, et des villes et Etats entiers ont même prohibé la vente d'articles en nouvelle fourrure. Les organisateurs des semaines de la mode d'Helsinki et de Stockholm ont banni cette cruelle matière de leurs podiums et nombre de nos voisins européens ont mis fin à leur production de fourrure, dont la Norvège, qui était l'un des plus gros producteurs de fourrure, avec 300 élevages encore en activité.
En ce contexte sanitaire et face à la multiplication des clusters de Covid-19 qui sont apparus dans plusieurs élevages de visons en Europe, continuer de laisser opérer ces installations devenait impensable. Les Pays-Bas ont d'ailleurs voté pour faire fermer leurs derniers élevages d'animaux producteurs de fourrure en activité de manière anticipée, au vu du risque sanitaire important.
En France, c'est 91 % de la population qui se dit opposée au commerce de la fourrure, selon un sondage IFOP de 2020 et pas moins de 90 000 soutiens de PETA qui ont signé une pétition appelant le gouvernement à agir. De nombreuses personnalités se sont également exprimées sur ce sujet au cours des derniers mois, dont Hélène de Fougerolles, Sophie Marceau, Lolita Lempicka, Karine Ferri ou encore Marilou Berry.
Forts de cette avancée, on peut maintenant espérer que cette prise de conscience globale qui voit voter la fin de l'exploitation des visons pour leur fourrure s'étendra à terme aux lapins élevés et tués pour leur pelage, qui souffrent tout autant.
D'ici quelques années, la France sera enfin un pays sans cétacés captifs. C'est une annonce qui en rappelle une autre, celle de la fin de la reproduction des orques et dauphins en captivité annoncée en 2017 par Ségolène Royal, mais malheureusement annulée par le Conseil d'Etat tout juste quelques mois plus tard. Cette fois, le gouvernement prévoit, en plus de l'interdiction sur la reproduction et l'acquisition de ces animaux, la création d'un sanctuaire pour accueillir les malheureux prisonniers des trois parcs marins de France, belle action concrète qui permettra non seulement d'éviter que de futures générations de cétacés souffrent dans les delphinariums mais qui permettra également de libérer les animaux actuellement détenus dans ces prisons marines.
Trop longtemps, les individus sensibles, intelligents et doués de grandes capacités émotionnelles que sont les orques et les dauphins, ont enduré le confinement dans de minuscules bassins en béton, qui ne ressemblent en rien aux profondeurs marines dans lesquelles ils devraient pouvoir évoluer, la séparation déchirante avec leurs congénères, troqués entre parcs comme de vulgaires marchandises ou morts prématurément de leurs conditions de vie inadaptées aux besoins de leur espèce. Ces annonces sonnent la fin d'une ère pour ces animaux.
Une vingtaine de pays européens avaient déjà prohibé ou limité la présence d'animaux sauvages dans les cirques ambulants, pratique qui semble d'un autre temps, dont l'Irlande, l'Italie et le Royaume-Uni. Et en France, les deux dernières années ont vu une liste de municipalités toujours croissante (plus de 400 à ce jour, dont plusieurs des plus grandes villes de France) s'opposer fermement à la présence de cirques animaliers sur leur territoire par le biais de voeux, délibérations et arrêtés.
Bien qu'une date n'ait pas été précisément fixée, l'annonce de la ministre est le début de la fin d'un combat de longue haleine de nombreuses associations de défense des animaux, dont les antennes locales qui organisaient des actions à chaque représentation sur le terrain de leur commune. Chez PETA, ce sont près de 60 000 personnes compatissantes qui ont signé notre pétition portée par David Hallyday contre la captivité des animaux sauvages dans les cirques, et des milliers de messages envoyés aux maires de France (notamment par Pamela Anderson qui avait écrit à quelque 36 000 édiles ainsi qu'à Emmanuel Macron en ce sens) pour leur demander de refuser l'accueil des spectacles exploitant les animaux sauvages.
C'est une annonce qui devait inéluctablement se faire, face à une opposition toujours croissante, et qui, bien que l'échéancier reste à définir, est une grande victoire aujourd'hui pour ces animaux et pour tous leurs défenseurs. Il est à espérer que le gouvernement puisse accélérer autant que possible la reconversion des circassiens et la libération des animaux qui souffrent au quotidien dans les cirques, confinés dans des cages ou entravés par des chaines, privés de nourriture avant le spectacle, menacés et dressés de manière violente et effrayant pour les contraindre à exécuter des numéros qui n'ont aucun sens pour eux et qui peuvent se révéler dangereux – pour eux, mais aussi pour le grand public.
Nous célébrons aujourd'hui ces immenses victoires pour les animaux, qui illustrent l'aboutissement de longues années de lutte de la part des associations et militants anti-captivité de France et qui jettent les bases de cette "nouvelle ère" dans notre rapport aux animaux.
Par Anissa Putois, porte-parole de l'association PETA France