Dans l'imaginaire collectif, la chance s'apparente à un état qui toucherait certaines personnes et pas d'autres. Comme si, à notre naissance, nous héritions au même titre que d'un trait physique, de la chance ou de la malchance.
Une vision totalement faussée selon Matthew Smith, professeur américain et spécialiste de la recherche du bonheur. Travaillant sur cette question depuis la fin des années 90, ce dernier développe un ensemble de concepts favorisant l'apparition de la chance et par extension celle du bonheur. D'où par ailleurs, le choix du nom de son cours, Go Luck Yourself, que l'on peut traduire par "Va chercher ta chance".
Avant toute chose, le professeur cherche à ce que nous tombions tous sur une définition commune de la chance : celle-ci se définirait plutôt comme un sentiment et non un état. Pour illustrer ses propos, voici l'exemple qu'il donne :
Vous vous trouvez à la banque au même moment où des braqueurs lourdement armés y pénètrent. Sans raison apparente, vous vous retrouvez la cible de l'un d'entre eux et celui-ci vous tire dans le bras. Vous considérez-vous comme chanceux ou malchanceux ?
Sûrement, la majorité se considéra comme malchanceuse d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Pourtant, cette interrogation élève bien des débats chez les étudiants de l'université nouvelle de Buckinghamshire. Car certains s'estiment chanceux de ne pas y avoir laissé la vie. Par cette image, Matthew Smith montre dans quelle mesure, d'un individu à un autre, la notion de chance varie.
Passé l'aspect émotionnel, la chance en tant que telle semblerait se mériter ou du moins ne serait pas accessible à qui ne voudrait pas s'en donner les moyens. Selon le chercheur, la chance se provoque. Aussi, les personnes s'estimant être nées sous une bonne étoile auront tendance à davantage persévérer dans ce qu'elles entreprennent et seraient donc plus attentives à leur environnement. Une chose en amenant une autre, elles renforceraient leur probabilité de succès. Mais l'inverse s'avère tout aussi vrai. Vous pensez ne pas avoir de chance ? De fait, vous ne vous donnerez pas les moyens en restant dans votre zone de confort et n'attirerez donc pas les opportunités vers vous. Un incessant cercle vicieux.
Toujours dans cette optique, appréhender différemment notre quotidien participerait à nous rentre davantage heureux. A l'image de notre tendre adolescence où, le journal intime était un rendez-vous régulier, Mathhew Smith vous propose de poursuivre cette habitude. Chaque soir, avant de vous coucher, listez trois événements de votre journée pour lesquelles vous êtes reconnaissante - sans que cela ne concerne forcément une personne. Cela peut aller d'un train attrapé de justesse, à la reconnaissance de votre boss ou encore à avoir réussi le bouclage d'un dossier avant l'échéance, entre autres. Une posture qui, en ne se concentrant seulement sur les bonnes expériences, permet plus facilement d'oublier les mauvaises.
La chance aurait donc un lien intrinsèque avec l'optimisme. Mais le chercheur met en garde : il existerait deux types d'optimisme. L'un étant totalement contre-productif : l'optimisme défensif. Soit cette habitude à toujours se préparer au pire dans l'espoir d'éviter toute déception et d'obtenir toujours satisfaction. A contrario, il faudrait favoriser "l'optimisme appris" : soit raconter ses expériences, positives ou négatives, toujours d'un point de vue positif. Une manière de trouver du bon même dans le mauvais pour réussir à rebondir plus efficacement.
Enfin, Matthew Smith invite chacun de ses élèves à être attentif au monde qui les entoure quotidiennement. Car trouver du positif dans le négatif et se contenter de sa condition actuelle ne suffit pas. Son mot d'ordre ? Exit les innombrables interrogations sur votre capacité ou non à réaliser les choses : OSEZ.