Fouilles corporelles forcées, menaces multiples, agressions physiques, viols... Le dernier rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme dévoile une réalité dramatique : la condition des femmes emprisonnées dans les établissements pénitenciers de la Corée du Nord. En 2020 encore, elles endurent un véritable calvaire. Des détentions oppressives où les droits humains sont constamment transgressés.
Des "violations affligeantes", fustige sans détour l'organisation non-gouvernementale. Et le mot est faible. D'après l'abondance de témoignages anonymes de femmes nord-coréennes recueillis par l'ONU (pas moins de cent, emprisonnées de 2009 à 2019), ces centres appliqueraient une humiliation constante. "J'ai été battue à coups de matraque par un enquêteur officiel et j'ai reçu des coups de pied de la part de cet officier, à un tel point que j'ai eu une côte cassée. Je ressens encore la douleur", a par exemple déclaré l'une de ces précieuses interlocutrices.
Et ce n'est pas tout. Une autre victime poursuit avec la même gravité : "Je n'ai pas dormi et travaillé dans le centre parce que je ne voulais pas être battue. C'était atroce, à tel point que j'ai même tenté de me suicider". Commissaires, gardiens, surveillants, les agressions sont diverses et émanent des différentes hiérarchies.
Mais en République populaire démocratique de Corée, la souffrance ne s'arrête pas là - ou plutôt, la "myriade de violations des droits de l'homme", comme le synthétise avec justesse le rapport de l'ONU. Les menaces de mort sont régulières, les cellules (insalubres) sont surpeuplées. Les détenues soumises à une nudité forcée. La lumière du jour et l'air frais leur sont inaccessibles. Et il n'est pas rare que ces femmes soient battues et violées par les gardiens qui les surveillent. Des "conditions inhumaines", déplorent à l'unisson les survivantes, traversées de punitions "individuelles ou collectives". Un climat de violences physiques, psychologiques et sexuelles.
Par-delà les conditions d'hygiène déplorables, une autre ancienne prisonnière développe un autre point : "Pendant mon séjour en prison, environ cinq à six personnes sont décédées, la plupart de malnutrition". On s'en doute, le bilan est lourd pour la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet, qui l'annonce en exergue dudit rapport : "Ces témoignages montrent une fois de plus la nature systémique des violations des droits de l'homme en RPDC et la nécessité de continuer à chercher des moyens pour que les responsables de ces crimes rendent des comptes". Des "comptes" qui se font hélas encore attendre...
Un panorama d'autant plus tragique, souligne la responsable, que la vie des femmes emprisonnées l'est déjà avant d'arriver en cellule. Bien souvent, il s'agit de citoyennes ayant dû quitter leur pays d'origine afin de subvenir à leurs besoins. Ailleurs, leur sort, poursuit l'ONU, est bien souvent identique : exploitation sexuelle, mariage forcé, traite humaine... Avant que les autorités de Corée du Nord (interdisant l'exil à l'étranger) ne les enferment entre quatre murs sans procès. Comme nous le rappelle Ouest France, 80 % des 1 047 réfugié·e·s arrivé·e·s en 2019 en Corée du Sud sont des femmes. Et le récit des expatriées est toujours "déchirant", souligne Michelle Bachelet.
Mais malgré les protestations des organisations, militants et gouvernements étrangers, il ne cesse de se répéter.