Partout dans le monde, les organismes sanitaires s'accordent sur l'importance du port du masque. L'Académie nationale de médecine française, comme le Center for Disease Control and Prevention (CDC) américain, martèlent ainsi qu'il est impératif de couvrir son nez et sa bouche, car c'est par leurs postillons que les personnes infectées propagent le virus. Pourtant, les irréductibles sont nombreux. Et ce, même lorsqu'ils exercent au plus haut poste de l'Etat.
Depuis le début de la crise, Donald Trump et son vice-président, Mike Pence, s'acharnent à ne pas porter de masque, même lors de sorties officielles. Et il semblerait que cette réticence soit contagieuse, et principalement courante chez les hommes. La raison ? "Les hommes plus que les femmes estiment que le fait de se couvrir le visage est honteux, pas cool, un signe de faiblesse et un stigmate", observent les scientifiques derrière une étude menée par Valerio Capraro et Hélène Barcelo, des universités de Berkeley et de Middlesex University London, sur les effets du genre sur les intentions de porter un masque.
Les chercheur·se·s, qui ont interrogé 2459 personnes, en majorité des hommes blancs, ajoutent que "les hommes ont moins l'intention que les femmes de porter un masque facial peut s'expliquer en partie par le fait que les hommes croient plus que les femmes qu'ils seront relativement peu touchés par la maladie". "Ironique", ajoutent-ils, quand on sait que selon les cas recensés, les hommes sont justement plus vulnérables face au Covid-19, notamment à cause de leur hygiène de vie. Le New York Post affirme ainsi que dans des pays tels que la Chine, l'Italie, l'Espagne et la ville de New York, les hommes sont morts du Covid-19 à un taux bien plus élevé que les femmes.
Et tristement, d'autres recherches ont rapporté cette réluctance à suivre les recommandations sanitaires. Un article du New York Times avance ainsi que les hommes se laveraient moins les mains que les femmes, pour la bonne raison que l'hygiène souffre aussi des stéréotypes de genre. Pour Rosie Frasso, directrice du programme de santé publique de l'Université Thomas Jefferson, ce réflexe serait ancré dans les moeurs. "Traditionnellement, les femmes étaient associées à la préparation des repas et au nettoyage de la maison, plus susceptibles de changer les couches, et ces rôles les ont incité à penser différemment le lavage des mains", déclare l'experte. Elle en plaisante : les hommes se sentiraient "trop machos pour s'inquiéter des germes".
Un constat terrible qui, par temps de pandémie, aggrave largement la situation. Car comme l'écrit le média LGBT PinkNews en réaction aux Américains qui refuseraient de porter une protection faciale par peur de ne pas être "cool" : "Vous savez ce qui n'est 'pas cool' ? Que les gens meurent".