Longtemps, on a plus entendu Isild le Besco.
Soeur de Maiwenn le Besco, mais surtout actrice, espoir du cinéma français, et réalisatrice, autrice de ses propres films. Cela fait quelques mois qu'à la suite de Judith Godrèche, la comédienne ose libérer la parole, et on s'en réjouit. Isild Le Besco accuse elle aussi le cinéaste Benoît Jacquot de violences et dénonce une relation d'emprise, initiée alors qu'elle n'avait que 16 ans et le cinéaste... 52. Isild Le Besco a d'ailleurs porté plainte contre Benoît Jacquot.
Or, ce 2 juillet, les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont été placés en garde à vue dans les locaux de la brigade de protection des mineurs. Au coeur de cette garde à vue ? L’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris, pour viol sur mineure de 15 ans "par personne ayant autorité", viol par concubin, et agression sexuelle sur mineure de plus de 15 ans "par personne ayant autorité". Benoît Jacquot fait actuellement l'objet d’une éventuelle mise en examen, soumise à la décision d'un juge.
Autrice d'un livre-témoignage, Dire vrai, l’actrice et réalisatrice est revenue en exclusivité pour ELLE sur cette actualité. Et ce qu'elle énonce est puissant. Car il est question de son propre cas, de sa souffrance, mais également, d'apporter de la voix à toutes les femmes silenciées.
Dans les pages du magazine ELLE, l'espace d'une interview réalisée au téléphone, Isild Le Besco s'exprime :
"J’ai ressenti une forme de soulagement en constatant que la justice s’intéresse au sujet douloureux des maltraitances et s’en empare... Mais je ne me fais pas vraiment d’illusions". A quoi la comédienne de 41 ans fait allusion ? Elle développe sa réticence : "Je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes les femmes qui, au moment même où je vous parle, se font maltraiter, violenter, violer. Voire tuer".
"Une tous les trois jours. Et pour les mêmes raisons : des hommes veulent que nous soyons leur objet... Moi je m'exprime surtout au nom de toutes celles qui sont bâillonnées. Je ne pouvais pas manquer l’occasion de m’exprimer. Je crains que nous soyons loin de la fin de l’impunité. Le chemin va être long", poursuit-elle sur le même ton, que l'on imagine plein de gravité. Pourquoi Isild Le Besco "craint" cette attente ? Certainement car, notamment, elle déplore que Jacques Doillon soit sorti libre, sans poursuites, de sa garde à vue.
"Pourquoi Benoît Jacquot et pas Jacques Doillon ? Ce ne sont pas les mêmes profils, certes, mais ils ont pour point commun d’être accusés d’avoir abîmé des jeunes filles et des femmes. De les avoir pillées sans les aimer le moins du monde... Je sais bien qu’il ne leur arrivera probablement rien, peut-être un petit bracelet électronique qui obligera à rentrer tôt à la maison. Rien en comparaison de ces blessures avec lesquelles il nous faut vivre", fustige-t-elle à ce sujet.
Ce n'est pas la première fois que l'actrice et réalisatrice Isild Le Besco apporte son soutien aux victimes, et aux femmes qui n'osent pas parler. Récemment encore, elle exprimait toute sa gratitude envers l'actrice Judith Chemla (D'argent et de sang, Engrenages, Le sens de la fête), victime de violences conjugales.
Ayant lu son livre, relatant son témoignage, Isild Le Besco s'exprimait ainsi le temps d'une vidéo Instagram : "Je viens de terminer ton livre. Ca me laisse sans voix, tout ce que tu as traversé, et ce qu'on traverse... Etre ainsi objectivée ! Mais aussi, toutes les années d'énergie qu'on peut dédier, à se défendre... Merci d'avoir écrit tout cela dans les détails, et signifié ainsi que ces choses doivent cesser. On ne doit pas culpabiliser, avoir honte, mais arriver à nommer les choses ainsi".
"Je t'envoie tout mon amour ma chère Judith".