Selon une étude, 70 % des femmes auraient déjà reçu une dick pic. Une "photo de pénis" et de surcroît non consentie. Le phénomène qui pèche clairement niveau consentement reste particulièrement répandu sur les applications de rencontre. On a des chances de ne jamais rencontrer la personne en face, donc on se sent plus à l'aise de dévoiler son anatomie sans lui demander son avis. Si pour les auteurs de ces clichés douteux il s'agit d'une démonstration problématique de leur virilité (on parle bien sûr des cas où ils ne seraient pas sollicités), pour les destinataires l'agression virtuelle a des conséquences réelles. Le sentiment d'humiliation, notamment.
C'est en prenant conscience de ce fléau et de sa popularité que Once a décidé d'agir pour le bien de ses utilisatrices. L'appli française qui prône le "slow dating", soit le fait de ne rencontrer qu'une personne par jour pour contrer l'aspect "catalogue" de ses concurrents, a mis au point un stratagème amusant - et surtout très malin. A chaque photo de pénis envoyée, Once remplace le sexe en érection par une photo d'un chaton tout mignon. Une manoeuvre possible grâce à l'intelligence artificielle, par le biais d'un algorithme bien pensé et d'une collecte minutieuse de clichés similaires sur Internet. On n'arrête pas le progrès.
"La récupération des données nécessaires pour mettre en place ce nouvel algorithme a été relativement facile", indique Guillaume Sempé, directeur des nouvelles technologies de Once, comme le rapporte 20 Minutes. Les photos de nu sont évidemment assez courantes sur le Web, et nous avons eu ainsi pu entraîner l'algorithme sur des millions d'images et de photos de nus pour le rendre le plus précis possible". Un procédé sur lequel une développeuse américaine travaillait déjà indépendamment l'année dernière.
Alors bien sûr, Once sait aussi que dans d'autres cas, la vision du chibre de son correspondant est encouragée, voire fortement appréciée. C'est pour cela qu'il est toujours possible de jeter un oeil au fichier reçu : "Les utilisateurs peuvent choisir de désactiver cette nouvelle fonctionnalité. Notre intention n'est pas de limiter les échanges, mais simplement de protéger les utilisateurs au sein de notre application et en même temps de les sensibiliser sur la question du consentement", précise Clémentine Lalande, fondatrice et CEO de Once.
Il s'agit donc surtout de laisser le choix aux femmes et de prouver aussi que leur sécurité est primordiale. Et aussi, de mettre les hommes qui se déshabillent devant l'objectif sans qu'on ait rien demandé face à leurs responsabilités. Sur Twitter, le compte Balance Ta Dick Pic recueillait d'ailleurs ces innombrables exemples de conservations qui chavirent, affichant les photos de sexes reçues recouverts d'un emoji pour ne pas infliger aux abonné.e.s ce traitement souvent traumatisant. On rappelle d'ailleurs que la loi ne fait pas de différence entre exhibitionnisme et "dick pic" et que l'article 232-22 du code pénal les condamne à un an de prison et 15 000 euros d'amende. Alors tenez-vous.