70 %, c'est le nombre de femmes qui auraient déjà reçu des photos de pénis non-sollicitées, selon un sondage. Quasiment trois-quart d'entre nous. Un chiffre qui, s'il impressionne, n'a pas vraiment l'air de décourager les auteurs de ces agressions visuelles à mettre un terme à leur rituel odieux. Et encore moins lorsque l'on se trouve sur une appli de rencontre.
Pour tenter de protéger les destinataires, Kelsey Bressler, une développeuse américaine de 28 ans, a décidé de mettre à profit ses compétences informatiques. Son idée de génie : créer un algorithme qui filtrerait automatiquement les clichés vicelards pour épargner celles qui n'ont rien demandé. Un processus qui demande du temps et surtout, de l'entraînement. Car pour qu'elle marche, l'intelligence artificielle doit savoir identifier les images problématiques. Et donc bien les enregistrer de prime abord.
Dans le but de son projet, la programmatrice en a donc appelé à la générosité des internautes, publiant sur Twitter un message simple, efficace et qui laisse peu de place au doute : "Je sollicite des photos de bites en direction du compte @showyodiq (montre ta teub, en anglais). Ce n'est pas une blague", précise-t-elle avant d'expliquer la raison de ce texte plutôt franc : "Je suis en train de tester un filtre qui est en cours de développement qui détectera automatiquement les dick pics dans les messages privés et les manipulera à la place de l'utilisateur (en les supprimant, ou en les supprimant puis bloquant l'expéditeur)". De quoi ravir la population féminine, et rendre son expérience en ligne plus sereine.
Si 95 % des images ont été interceptées par le filtre, certaines, les plus inhabituelles, sont passées à travers les mailles du filet. Un pénis couvert de paillettes violettes a notamment perturbé l'intelligence artificielle qui a seulement été entraînée à repérer les organes génitaux de couleur chair, en traitant beaucoup de pornographie. Mais lorsqu'il s'agit de sexes d'apparence humaine (comprendre sans paillettes), le programme garantit de les voir et de les effacer avant que la destinataire n'ait à le faire - et donc à se retrouver nez à nez avec un chibre en érection, aussi "virtuel" soit-il.
Selon une étude dirigée par des chercheur·ses de la Kwantlen Polytechnic University, au Canada, les auteurs de ce harcèlement sexuel posséderaient une personnalité à grande tendance narcissique et sexiste. "Les hommes [qui s'y prêtent] peuvent trouver cet exercice de pouvoir sur les femmes excitant, ou ils peuvent trouver les réactions de choc et de colère hilarantes ou satisfaisantes", explique l'équipe. En France, l'article 232-22 du code pénal condamne à un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende l'exhibitionnisme public ou privé - auquel appartiendrait la dick pic.