Combien de fois a-t-on entendu parler d'un homme attenter un procès pour "discrimination sexiste" ? Si ce n'est certainement pas une première, c'est sans aucun doute un cas que l'on ne voit pas tous les jours. L'Autrichien Peter Franzmayr avait entamé une procédure judiciaire après avoir été privé d'une promotion interne au ministère des Transports en 2011. Sept ans après les faits, il va toucher plus de 300 000 euros en dédommagement.
A l'époque, Peter Franzmayr était en concurrence avec deux autres candidats pour un poste de manager. Tous ont passé des épreuves de sélection à l'issue desquelles Ursula Zechner, alors chargée du régulateur ferroviaire, avait été retenue. Une décision qui n'est pas très bien passée auprès de l'Autrichien car selon Complex sa candidature avait été 0,25% mieux notée que celle de sa collègue. En février, le Tribunal administratif fédéral a rendu sa décision et s'est positionné en faveur du défendant. Il a noté "une tendance claire à traiter plus favorablement [Mme Zechner] que les autres candidats depuis le début."
Suite au jugement, Doris Bures, aujourd'hui présidente du Conseil national d'Autriche qui était ministre des Transports à cette époque, a affirmé qu'Ursula Zechner avait fini par avoir le poste en partie à cause de la "sous-représentation massive des femmes" dans leur domaine. Elle a cependant souligné dans un communiqué qu'aucune règle encadrant le recrutement n'avait été détournée et que les trois candidats avaient des niveaux de qualification quasi équivalents.
Ces 0,25% vont donc offrir à Peter Franzmayr 317 368 euros englobant les dommages et intérêts ainsi que son manque à gagner. Notons que selon l'AFP, ce dernier a quand même continué à travailler comme avocat puis cadre de mairie. Il semblerait qu'aujourd'hui, sa victoire soit double puisqu'en plus d'avoir obtenu réparation dans son procès, il a aussi été nommé président du conseil de surveillance de l'opérateur d'autoroute Asfinag par l'actuel ministre des Transports, Norbert Hofer. Peter Franzmayr est aussi connu pour ses positions proches du parti d'extrême droite FPÖ dont est lui-même issu le ministre.
"J'espère que la décision actuelle ne remet pas en cause le principe de promotion des femmes", a souligné Doris Bures dans son communiqué. Et c'est bien là qu'est le problème dans cette affaire. Comme le souligne Complex, "il y a d'autres facteurs qui ne rentrent pas dans la candidature pour déterminer qui obtient une promotion ou non, comme des efforts pour promouvoir la diversité, la personnalité." Mais il faut aussi rappeler que cette affaire aurait tendance à faire oublier que les discriminations sexistes dans le monde du travail touchent d'abord les femmes. Comme le notait un rapport de la Commission européenne de 2015, leur salaire est encore 16,3% inférieur à celui des hommes. Elles sont aussi toujours minoritaires aux postes-clés des entreprises et d'après une étude de l'Université de Denver, ce n'est qu'en 2085 que ce problème sera réglé. Ajoutons à cela tous les préjugés dont les femmes sont victimes en entreprise.
Et malgré tous ces chiffres accablants, Peter Franzmayr et le Tribunal administratif fédéral ont préféré se raccrocher à une différence 0,25% dans une note pour une promotion. Si toutes les femmes qui avaient été dans le cas de cet Autrichien avaient porté leur affaire devant la justice, combien auraient eu gain de cause ?