« C'est une maladie qu'on ne peut pas oublier. Ministre, pas ministre, ça vous atteint dans votre chair. » Dans un entretien accordé au Monde, Dominique Bertinotti révèle qu'elle vient de subir une dernière séance de radiothérapie. La ministre déléguée à la Famille a en effet découvert au mois de février dernier, à l’occasion d’une mammographie de routine, qu’elle souffrait d’un cancer du sein.
La ministre a souhaité garder le secret pendant toute la durée de son traitement. Seules quelques personnes, dont François Hollande, ont été mises dans la confidence : « Je voulais bien être une ministre malade, pas une malade ministre », explique-t-elle. Alors qu’elle était en première ligne, derrière la ministre de la Justice, Christiane Taubira pendant les débats sur la loi pour le mariage pour tous, Dominique Bertinotti n’a rien laissé paraître au sujet de sa maladie.
Au Monde, elle raconte la première séance de questions à l’Assemblée, alors qu’elle porte sa perruque pour la première fois, l’arrêt de travail donné par l’infirmière, les conséquences physiques de la chimiothérapie… Et insiste sur les « petits réconforts » : une infirmière qui l’encourage, la sollicitude d’un médecin, un coiffeur qui la complimente au moment de lui raser le crâne…
Dominique Bertinotti a hésité à rendre publique sa maladie, de peur « d’être réduite à son cancer ». Pourquoi s’est-elle résolue à en parler après huit mois de silence ? « Pour aider à faire évoluer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène. Pour montrer qu'on peut avoir un cancer et continuer une vie au travail. (...) Pour qu'il y ait moins de peur, plus de compréhension. »
Près de 20 ans après les révélations - forcées - de François Mitterrand au sujet de son cancer de la prostate, en 1992, cette maladie demeure taboue en politique. Les exemples de responsables politiques ayant évoqué publiquement leur cancer sont peu nombreux, et les cas d’hommes ou de femmes ayant continué à exercer leurs fonctions politiques malgré la maladie sont encore plus rares. Le 13 mars 2011, le socialiste Patrick Roy, de retour à l’Assemblée nationale malgré son cancer du pancréas avait été accueilli par des applaudissements. Dans son «combat contre la mort», le député-maire de Denain, décédé quelques mois après, s’était dit «bouleversé» par «les soutiens» de ses collègues de gauche et de droite.
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