Valérie Toranian, directrice de la rédaction du magazine Elle, estime qu'elle a « défendu avec courage et éloquence la loi sur le mariage gay » et que « son parcours est celui d'une femme qui, jamais, ne baisse les bras et se pose en victime ». Pour toutes ces raisons, la garde des Sceaux Christiane Taubira a cette semaine l'honneur de la Une de l'hebdomadaire, habituellement réservée aux mannequins, artistes et autres people en vogue. Mieux, le titre féminin l'a d'ores et déjà élu « Femme de l'année ». Une distinction face à laquelle la ministre de la Justice s'est dite « extrêmement sensible ».
Et le contraire eut été étonnant tant le mois écoulé a été difficile pour l'élue. En effet, à la mi-octobre, Anne-Sophie Leclere, une candidate du Front national aux élections municipales à Rethel, dans les Ardennes, avait comparé Christiane Taubira à un singe, photo montage à l'appui, dans un reportage pour « Envoyé Spécial » diffusé sur France 2. La militante avait ensuite été suspendue par le parti frontiste. Une semaine plus tard, alors que la garde des Sceaux était en déplacement à Angers, une enfant d'une dizaine d'années venue manifester avec 150 autres personnes contre la loi sur le mariage gay l'avait traitée de « guenon ». Enfin, il y a quelques jours, Minute, un hebdomadaire d'extrême droite, avait consacré sa couverture à la ministre en titrant « Maligne comme un singe. Taubira retrouve la banane ».
Et alors que l'accumulation de ces attaques injustifiées était largement analysée comme une libération dangereuse de la parole raciste, Christiane Taubira, qui a toujours refusé de porter plainte contre ses détracteurs, recevaient également de nombreux témoignages de sympathie. D'ailleurs, une pétition de soutien baptisée « France, ressaisis-toi ! » avait été lancée le 1er novembre dernier. Le texte qui a finalement recueilli 100 000 signatures a été remis ce jeudi à la garde des Sceaux. Parmi les signataires, des personnalités comme Josiane Balasko ou Jane Birkin mais aussi des anonymes. « Tu réclamais ces belles voix. Aujourd'hui, elles se sont exprimées. On est des pompiers qui allons éteindre la flamme de la haine », a promis à Christiane Taubira, Steevy Gustave, initiateur de la pétition et adjoint au maire écologiste de Brétigny-sur-Orge (Essonne). « C'est quelqu'un qui a été attaquée sans que l'on prenne sa défense. Donc, c'est normal qu'on soit là », a pour sa part estimé Josiane Balasko. Et d'ajouter : « Je ne pense pas que toute la France soit raciste ».
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