Paul Watson est libéré. Après cinq mois de détention dans une prison au Groenland, le militant écologiste, figure de proue de la défense des baleines, a été rendu libre le 17 décembre. Depuis son arrestation, le fondateur de l'ONG Sea Shepherd, avait fait l'objet d'une véritable mobilisation pour exiger sa libération.
Mais le militant, considéré par beaucoup comme un héros, fait aussi face à une controverse.
Si de nombreuses personnes applaudissent son travail pour la défense des animaux et de l'environnement, quelques voix se font entendre pour dénoncer un homme "pas si parfait". Le 22 janvier 2024, un article du média collaboratif et citoyen Fragil.org s'intitulait déjà "Paul Watson, une figure à double tranchant".
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Le média y rapportait des propos du militant lors du festival Oceanfest, qui a eu lieu à Nantes début 2024. Sur la scène, Paul Watson se considère alors comme "conservative conservationnist", un jeu de mot en anglais entre le conservatisme réactionnaire qui se dit conservatism et l’écologie qui se dit conservation. D'après le média Fragil, "l’expression lui vient de son mentor David Foreman, qui révèle une autre manière de penser du capitaine : le malthusianisme. C’est une doctrine politique qui prône la restriction démographique." David Foreman était un militant américain, co-fondateur du mouvement Earth First et décédé en 2022. Le Républicain se battait contre "l’immigration et la surpopulation aux Etats-Unis", notamment "celle des personnes racisées", car elle serait "la cause de la crise écologique", informe un article de 20 minutes sur le sujet.
Des propos que Paul Watson avait également tenu dans une émission canadienne en 2006. Selon le média Fragil, il avait affirmé que : "chaque année près de 3 millions de personnes s’ajoutent à la population des États-Unis et la plupart viennent de l’immigration. En fait, ce que nous préconisons est que le nombre d’immigrant doit être réduit à des niveaux faibles pour obtenir une stabilisation de la population. Par le seul taux de natalité aux Etats-Unis, vous n’aurez pas une telle augmentation. L’immigration est la seule responsable. Et pas seulement l’immigration mais les naissances qui découlent de l’immigration, car le taux de natalité pour les immigrants est bien plus élevé que chez les non immigrants." Ses positions sur la surpopulation ont été perçues par certains comme des arguments malthusiens, voire eugénistes, renforçant les accusations de racisme.
Les accusations de racisme à l'encontre de Paul Watson s'appuient également sur son lien d'amitié avec Brigitte Bardot. Connue pour son engagement auprès des animaux, elle a également été condamnée pour des propos racistes en 2008. Elle avait à l'époque soutenu publiquement le Front National. Le "capitaine" et elle entretenant une relation amicale, certains se questionnent sur le cautionnement de ses positions par Paul Watson.
Les proches de Paul Watson, comme Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France depuis 2022, réfutent ces accusations et affirment qu'elles ne reflètent en rien les convictions du défenseur animalier. Dans une longue lettre explicative publiée le 11 octobre sur le site de l'ONG, Lamya Essemlali dénonçait les attaques décrivant Paul Watson comme "eugéniste ou raciste".
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Au sujet de l'immigration aux USA, la militante a affirmé que les propos étaient hors contexte : "Le propos de Paul est que pour être heureuse, l’immigration doit être choisie. Quand elle est motivée par le désespoir et le besoin de fuir la misère, elle donne lieu – sauf exceptions – à l’exploitation de la détresse humaine et à un douloureux sentiment de déracinement."
Quant à sa relation avec Brigitte Bardot, elle écrivait : "sans partager ses opinions politiques, il a de l’estime et de la gratitude pour tout ce qu’elle a fait pour les animaux pendant des décennies. Ce simple fait lui vaut parfois d’être qualifié de ''facho'' par une police de la pensée qui se revendique ''antifa'' mais qui porte en elle les travers qu’elle dénonce." Voilà qui est dit.