
Une pratique sexuelle pas vraiment adoptée par Hollywood, et surtout... Ce qui l'entoure.
C'est ainsi que l'on envisage... Le cunnilingus, et surtout, la mise en avant du clitoris (oui oui), lorsque l'on sort d'une séance de l'un des plus étonnants films proposés ces derniers mois par l'usine à rêves, un conte horrifique auréolé de superstars : Sinners.
Autrement dit, un grand mix entre relecture du mythe vampirique, western moderne, comédie musicale (un sacré concept), horreur et film historique, mais également, acerbe fable politique. Le tout est réalisé par Ryan Coogler, l'auteur de Black Panther et Creed, et porté par la superstar Michael B Jordan, l'ami de toujours du metteur en scène.


Sinners, c'est concrètement l'histoire d'une invasion de vampires au sein d'une grange transformée en club de musique, sur fond d'Amérique raciste - en pleines années trente, dans le Sud du pays - mais aussi... De personnages féminins forts et charismatiques, parfois redoutables, dont les formidables Wunmi Mosaku et Hailee Steinfeld, tour à tour antagonistes et protagonistes.
Des femmes à la présence indéniable. Qui témoignent d'une belle densité émotionnelle et psychologique, et comptent énormément dans le film. Et pas seulement elles d'ailleurs : leur plaisir, aussi...
Car oui, aussi surprenant que cela puisse être, Sinners parle du plaisir féminin. Un élément de l'intrigue jamais anecdotique, loin de là.

Un dialogue entier est même dédié au clitoris. Et cela, c'est suffisamment rare dans une grosse production hollywoodienne pour le signaler.
L'un des frères jumeaux incarné par Michael B Jordan évoque effectivement à l'un de ses compagnons de route, un jeune musicien qu'il désire faire jouer dans son club, les mystères de l'anatomie féminine... Et donne quelques tuyaux à son interlocuteur au sujet de l'emplacement dudit clitoris, connaissance indispensable, précise-t-il, pour donner du plaisir à une femme. On se doute que cet ami, dans le cas présent, ignorait jusqu'alors l'existence même dudit clito.
On imagine la réplique destinée à un public masculin qui a plus facilement trouvé une place pour aller voir Sinners que l'emplacement de ce Graal chez leur partenaire.

Mais l'aventure ne s'arrête pas là.

Sinners détonne globalement par sa dimension charnelle. Et pas juste pour ce détail littéral qui, au fond, pourrait passer pour une simple "blague" potache bien qu'instructive de dialoguiste. Non non.
Si le film est généreux en sanguinolences diverses, il l'est également dans sa représentation de la sexualité, frontale, sensuelle, ouvertement érotique. A deux reprises, c'est ainsi le cunnilingus qui est mis à l'honneur. Notamment durant la mise en pratique de la bienveillante recommandation "sexo" énoncée plus haut.

Cela n'a l'air de rien, mais combien de "grosses machines" hollywoodiennes donnent le la à cette pratique ?
On est loin de l'ellipse ou de la bête mise en avant de la jouissance masculine, stéréotypée, cliché, redondante. D'ailleurs, une drôle de séquence - qui fait sens au niveau dramaturgique - met en exergue un corps à corps généreux... En bave. Qui par-delà son contexte, entre en cohésion avec les tonalités très chaudes du film.

Cette facette sensuelle, on la retrouve d'ailleurs beaucoup plus symboliquement, de nouveau exprimée par les personnages féminins, librement... Dans leur pratique de la danse.

Endiablée (littéralement), frénétique, porteuse d'une énergie qui contamine tout le film - Sinners déploie une bande originale impressionnante, vaste hommage au blues, mais pas seulement. L'une des composantes d'une expérience sensorielle et organique, en somme.
C'est audacieux, et vibrant, à l'image d'un film très culotté.
Qui fait du clitoris une star à part entière...