Après la Une de Minute, les politiques avaient été nombreux à donner leur opinion. Mais jusqu’ici, la principale intéressée avait, elle, choisi de ne pas s’exprimer sur le sujet. Finalement, mercredi soir, Christiane Taubira est sortie de son silence. Invitée sur le plateau du 20h de France 2, elle a assuré qu’elle encaissait le choc de cette couverture la comparant à un singe, tout en dénonçant un titre d’une extrême violence. « C’est violent pour mes enfants, pour mes proches. C’est violent pour tous ceux qui me ressemblent, qui ont une différence », a insisté la garde des Sceaux. Et d’ajouter : « Ces propos prétendent m’expulser de la famille humaine, dénient mon appartenance à l’espèce humaine ».
Malgré ces attaques racistes, la ministre refuse toujours de porter plainte, sans faire « profil bas » pour autant. Une position qu’elle justifie par une « dignité assumée, affichée avec une très grande fierté » issue des « multiples soutiens » qu’elle dit avoir reçu. Elle a par ailleurs profité de son intervention télévisée pour appeler la France à se responsabiliser. « C’est vrai que j’ai choisi dans un premier temps de ne pas confier seulement à la justice la sanction de tels propos. Il faut que la justice passe bien entendu, car le racisme n’est pas une opinion c’est un délit. Mais la justice ne peut pas porter toute la charge, la société doit aussi s’interroger », a-t-elle tranché. Une société qui est « incontestablement » victime, selon elle, d’une désinhibition des paroles racistes. « C’est pour cela que nous devons faire face. Il y a des paroles qui ont surgi dans l’espace public qui n’ont pas donné lieu à des réactions et ont laissé d’autres croire qu’ils pouvaient se désinhiber », a en effet déploré Christiane Taubira, se disant toutefois confiante dans « le socle » de la société française qui, comme elle l’a rappelé, « s’est construite sur la fraternité ».
Voir l'intervention de Christiane Taubira sur le plateau du JT de France 2
À noter que le magazine de droite Minute s’est également exprimé sur sa Une insultante à l'encontre de Christiane Taubira, hier en début de soirée. « Nous ne sommes pas du tout racistes, cette Une est de mauvais goût, mais c’est de la satire, ce n’est pas un délit », a jugé le patron du titre, Jean-Marie Molitor. Ce dernier, qui assume et revendique pleinement le titre « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane », concède cependant un « jeu de mot horrible ». Ce qui ne l'a pas empêché de se féliciter de la « jolie publicité » suscitée par cette polémique qu’il considère être de « l’hystérie collective ».
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