Elle l'est l'une des plus belles révélations du tout Hollywood, une nouvelle étoile à l'instar de ses consœurs Sydney Sweeney - qu'on décrypte en long et en large dans ce portrait - Margaret Qualley, Mia Goth, Hunter Schafer... Et le rôle qui la révèle au monde appuie cette assertion : Anora de Sean Baker, à découvrir à tout prix en salles dès ce 30 octobre.
Anora, c'est rien de plus, rien de moins, que la dernière Palme d'Or. Film célébré à Cannes par la présidente du festival Greta Gerwig, comparé aux chefs d'oeuvre de la comédie US (les films survoltés de Billy Wilder, Howard Hawks, George Cukor) et où cette actrice, dans le rôle titre, rayonne donc : voilà pour un rapide descriptif de Mikey Madison. Comédienne de 25 ans seulement, sous les projecteurs avec cette partition flamboyante, celle d'une exubérante escorte et pole danseuse aux péripéties folles.
Anora donc, travailleuse du sexe ou "TDS" côtoyant, suivant rémunération, le fils d'un oligarque russe, avant d'accepter de l'épouser - suivant rémunération toujours - et de susciter l'ire du paternel, bien décidé à se débarrasser de la strip teaseuse et call girl... Un personnage féminin puissant qui cligne de l'oeil à un conte de fées moderne - Pretty Woman avec Julia Roberts ! - pour mieux le renverser version trash...
Jusqu'aux interviews détonantes de Mikey Madison donc, qui a ce personnage de femme décomplexée et insaisissable dans la peau...
Dans la presse US, la révélation de 25 ans suscite les plus zinzins qualificatifs : "épique", "femme moderne", "complexe", "Oscarisable"... et ELLE Canada de l'affirmer : "Le nom de Mikey Madison est sur le point d'être sur toutes les lèvres".
Un sacre spontané pour celle qui ne tourne "que" depuis 2016 et ses premiers pas timides dans la sitcom Better Things. Elle y joue la fille aînée d'une famille... Mais c'est encore trois ans plus tard que Madison se révélera à l'industrie en interprétant Sadie, une acolyte et "groupie" de Charles Manson, dans le Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino. A ses côtés, et sous le regard bienveillant de Margot Robbie, on trouve Sydney Sweeney et Margaret Qualley, on y revient... Anora vient finalement couronner cette fan de Hunger Games.
Admirée car libre dans son jeu, Mikey Madison l'est aussi avec son corps.
"Je savais depuis le début que je jouais un personnage qui utilise son corps d’une manière très particulière car cela fait partie de son métier", détaille-t-elle au magazine Interview. "J'ai donc étudié beaucoup de danseuses, je suis allée dans des clubs et j'ai vu comment elles utilisaient leur corps, car pour moi, la nudité est un peu comme un costume"
Mikey Madison a notamment appris le pole dance, même si ces séquences ne concernent que... Quelques secondes dans le film !
"La pole dance est très exigeante physiquement, d'une manière à laquelle je ne m'attendais pas, car elle vous donne un aspect si simple, beau et sexy. Donc, même si ce n'est que pour quelques secondes, vous voyez Ani à l'envers et ce qu'elle est capable de faire, et immédiatement vous avez une idée de depuis combien de temps elle danse, à quel point elle s'entraîne dur. Vous savez que c’est une danseuse chevronnée. Tout cela ajoute des couches et de la profondeur au personnage et à ce monde", témoigne-t-elle au Guardian.
Et à Interview, toujours : "J'ai aussi mémorisé la façon dont cette travailleuse du sexe bouge avec des talons. J'ai toujours voulu porter des talons hauts parce que je voulais qu'elle soit sur la pointe des pieds. De plus, lorsque vous portez des talons aussi hauts, cela vous fait marcher d'une certaine manière, il était donc important que je sois toujours aussi grande que possible"
Et elle est si libre et décomplexée que cela suscite l'admiration de ses paires. Celle de Greta Gerwig, complimentant son talent en tant que présidente du Festival de Cannes en mai dernier donc - la réalisatrice de Barbie est elle-même comédienne pour rappel. Mais aussi, de notre Isabelle Huppert nationale...
"C’est joliment dit, avoir la nudité comme un costume. Mais c’est une chose de le dire et c’en est une autre de le rendre palpable. J’ai été vraiment bluffée par ce que tu as fait", s'est réjouie l'une des plus grandes actrices de France auprès de Madison, précisant : "je suis bluffée, parce que c’est très physique et jamais sentimental comme performance, ce que j’adore, car trop de sentimentalité tue les performances. Il faut garder une certaine distance, et c’est exactement ce que tu as fait. Mais physiquement, c’est tellement engageant !"
Oui, physiquement, Madison se donne à fond.
Elle va même jusqu'à tourner des scènes de sexe et de nu sans coordinatrice d'intimité.
Pour rappel, une coordinatrice d'intimité est une chorégraphe de l'intime qui sur un tournage dialogue avec les comédiens pour s'assurer de la bonne direction des séquences les plus impudiques et charnelles. S'assurer de leur compréhension de la scène, les mettre à l'aise, s'assurer de leur consentement.
Une profession qui clive encore beaucoup, étonnamment. Malgré les révérences admiratives de l'Oscarisée Emma Stone, comme on vous le relate dans cet article. Autre actrice ayant du se confronter à des scènes de nu et de sexe très frontales.
Et Mikey Madison d'assurer au New York Times être "toujours à l'aise" avec la nudité dans Anora : "J'ai toujours été à l'aise avec la nudité, et je pense aussi que c'est parce qu'Ani, mon personnage, l'était aussi. Je n'ai jamais pensé à être nerveuse ou quoi que ce soit. J'ai juste joué un personnage qui me semble proche de chez moi, ce à quoi j'ai pensé récemment et qui m'intéresse"
Au Guardian, Madison explique s'être inspirée d'une danseuse et escorte torontoise, Andrea Werhun, devenue consultante sur le film : "Je me suis vraiment connectée à elle. Et je pensais qu'Ani pourrait s'identifier à elle, parce que j'aimais son sens de l'humour et la façon dont elle parlait du travail du sexe et à quel point elle l'aimait. Et je pense qu'Ani est quelqu'un qui aime sa sexualité, et c'était donc agréable de lire ce point de vue. Ouais, je voulais que ce soit joyeux".
Pari réussi, à en croire la critique : réjouissante.