C'est l'une des sensations de la série choc Euphoria, capable de la performance la plus viscérale (le film d'horreur Immaculée où elle incarne une nonne endiablée) à la partition la plus girly (la rom com très brat summer Tout sauf toi avec le grand gugusse Glen Powell). Mais son nom revient pour bien d'autres raisons - trop peut être - sur les réseaux sociaux : aujourd'hui, tout le monde ne jure que par Sydney Sweeney. La moindre pub - comme celle-ci, devenue virale sur Twitter - et la moindre intervention dans un show (son passage au mythique Saturday Night Live) rend Internet... Complètement dingue.
Et toute une partie du public masculin notamment. Oui, la star pourrait se contenter des spectateurs et spectatrices fascinés par son jeu (quand on alterne romances, horreur, cinéma d'auteur et productions bien mainstream, il y a de quoi captiver), mais voilà, elle obsède les internautes, les haters, les tabloïds, pour des raisons parfois bien plus triviales. Et multiples. Car elle est un phénomène à elle seule, du haut de ses 27 ans, on a décidé de se pencher sur tout ce que la jeune comédienne cristallise. Et comment elle se joue aussi de son meilleur personnage : elle-même. Avec un recul hallucinant d'ailleurs.
Mais pourquoi Sydney Sweeney fascine-t-elle autant ?
Le sujet qui fâche, et pour cause. Presse people, mecs libidineux en manque d'imagination et sexistes par ribambelles n'ont que cela à l'esprit : la poitrine de Sydney Sweeney. Tout bêtement. Ca vire même à l'acharnement pur et dur. A Glamour UK, elle-même le déplore : "Quand les médias titrent des trucs comme 'Sydney Sweeney affiche son décolleté' ou 'Sydney Sweeney porte une robe scandaleuse', je me dis : 'J'ai juste des seins !'... Et si quelqu'un d'autre la portait cette robe, les journalistes diraient sûrement : 'Oh, c'est si élégant' Ce n'est pas parce que j'ai des seins que ça doit changer la donne !".
Que faire alors ? Se cacher ? Non, Sydney Sweeney souhaite rabattre des clapets... En assumant son corps, et ce qu'elle est. Elle le démontre dans un post Instagram ultra partagé, où elle revêt un pull sur lequel est inscrit une phrase en forme de slogan : "Désolé d'avoir des seins formidables" - "Sorry for having great tits".
Et derrière l'humour, le politique.
En interview, elle assure encore, haut et fort : "L'une des questions que l'on me pose le plus souvent est : " Êtes-vous féministe ? " Et bien je le suis, en acceptant le corps que j'ai". CQFD. "C'est mon geste sexy et fort, et je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de mal à cela. C'est de cette façon dont je revendique la liberté de mon propre corps... Quand j'étais au lycée, je me sentais mal à l'aise face à la taille de mes seins et je me disais qu'à 18 ans, j'allais me faire refaire les seins pour les rendre plus petits. Et ma mère m'a dit : " Ne fais pas ça. Tu le regretteras à l'université. " Et je suis tellement contente de ne pas l'avoir fait. Je les aime mes seins".
C'est un hobby peut être méconnu de certains, mais voilà, Sydney Sweeney cultive une passion dingue pour les voitures. C'est surtout une passionnée de voitures anciennes, qui collectionne des modèles rares. Elle s'attelle à la mécanique, répare, retape.
Sur ses réseaux sociaux et notamment un compte TikTok dédié, vidéos et photos témoignent de ce passe temps qui lui est cher. Forcément, bien des internautes masculins y vont de leurs commentaires soit admiratifs, soit railleurs ou carrément déplacés.
Elle en profite pour envoyer valser quelques stéréotypes de genre chers aux esprits les plus étroits. Mécanicienne, elle affirme à BAZAAR.com : " Il est temps que les femmes arrêtent d'avoir peur de se retrouver dans un environnement dominé par les hommes". Et d'avouer : "J'ai toujours été une grande fan de véhicules anciens. Quand j'étais petite, mes baby-sitters étaient des pilotes de course, et j'allais souvent sur les circuits, et je pensais que je serais pilote de course quand je serai grande". Finalement elle n'est pas devenue pilote, mais souhaite être tout de même un role model : "On n'apprend que si on est là et qu'on s'y met, donc je pense que si nous soutenons simplement les femmes et les poussons à faire plus d'efforts et à se mettre au défi, nous y arriverons !"
Blonde, jeune, Sydney Sweeney pourrait s'envisager comme un stéréotype féminin selon l'Amérique de Donald Trump... Amérique conservatrice, fidèle aux clichés les plus "old fashionned", adepte des "bimbos" à même de partager avec une fausse candeur la culture américaine et ses valeurs... on en passe et des pires. Les lames les moins affutées du tiroir la désignent d'ailleurs ainsi : bimbo. Comme hier, Pamela Anderson. Et tant d'autres d'ailleurs.
Seulement voilà, Sydney Sweeney prend toujours un malin plaisir à prendre à revers toute une partie de son audience US. Ceux qui la rêvent en "girl next door" adepte des sorties à Disneyland (où elle s'est cependant rendue, photos à l'appui) s'étonneront peut être de la voir porter à bout de bras (et de cris !) le discours sur l'avortement, ouvertement pro-choix, du film d'horreur Immaculée.
De quoi déplaire largement à Trump et à ses supporters. Les haters diront même du film que c'est une "propagande féministe et satanique". Difficile de mieux nous vendre une oeuvre !
A même pas trente ans, Sydney Sweeney déploie sur son CV une série phénoménale, une comédie romantique, un thriller, un film d'horreur, une trajectoire qui fiche le vertige. Mieux encore, sa partition dans le drôle de film expérimental (partagé entre documentaire et fiction) Reality, grand oublié des Oscars, puisant dans une histoire vraie pour mieux nous perturber - pour donner une idée, l'entièreté des dialogues se base sur des retranscriptions d'entretiens qui ont pris place "dans la vraie vie". Dans ce film écrit et mis en scène par la cinéaste Tina Schafer, Sydney Sweeney est d'une sobriété absolue, toute en intensité retenue. Elle s'enfuit autant que possible des stéréotypes hyper genrés et sexualisés que des artistes bien moins exigeants auraient pu lui proposer.
Très très fort.
Et oui, mais cela ne l'empêche pas de subir le sexisme de plein fouet. Et pas juste celui des mecs. Face à Sydney Sweeney, la sororité devient parfois une notion toute relative. Ainsi la productrice Carol Baum l'a-t-elle "clashée" ainsi : "Je ne comprends pas Sydney Sweeney. J'ai regardé dans l'avion l'un de ses films tout simplement parce que voulais savoir pourquoi tout le monde parle d'elle. Et il faut m'expliquer ! Non seulement elle n'est pas jolie, mais elle ne sait pas jouer"... Ce à quoi l'agente de la star a rétorqué : "Comme c'est triste qu'une femme en mesure de partager son expertise et son expérience choisisse plutôt d'attaquer une autre femme...".
Sydney Sweeney obsède, et en érudite des outils de la gen Z, sait aussi se réapproprier les lubies de certains pour en faire une force. Exemple ? Avant son passage dans le mythique Saturday Night Live outre atlantique, l'actrice a décidé de s'attaquer à "l'éléphant dans la pièce". Dans un podcast relaté par Entertainment Weekly, l'humoriste Bowen Yang témoigne : "Elle est arrivée et elle a dit : 'S'il vous plaît, tout le monde fait des blagues sur mes seins.' Comme si elle suppliait pratiquement tout le monde !".
Ici, Sydney Sweeney s'attaque au "male gaze" : ce regard masculin qui sexualise le corps des femmes et en fait l'objet du désir, dans les oeuvres de fiction cinématographiques notamment. L'humour est toujours pour elle un moyen de faire entendre le contrôle qu'elle conserve sur son corps. Et cela, personne ne l'exprime mieux que Sydney Sweeney...