C'est quoi, un coordinateur, ou une coordinatrice d'intimité ? Simple : c'est un(e) chorégraphe qui a pour but de s'assurer que le tournage des scènes de sexe, pour le grand ou le petit écran, se déroulent bien. Consentement des acteurs, communication entre eux et l'équipe, confort nécessaire face aux caméras et aux techniciens... Pour éviter tout malaise et incompréhension.
Mais cette profession divise Hollywood. Certains, plus globalement les acteurs "vieux de la vieille", se contentent de la rejeter car ils n'en comprennent pas l'utilité. Michael Caine par exemple avait protesté au Daily Mail : "Vraiment ? C'est du sérieux ? Il n'y en avait pas à mon époque, vous tourniez les scènes d'amour et vous vous en sortiez sans que personne n'interfère. Tout a changé". D'autres cependant en vantent les vertus.
Par exemple ? Emma Stone. L'actrice a eu un Golden Globe pour Poor Things, alias Pauvres Créatures, une relecture irrévérencieuse et très prometteuse des contes de fées et du mythe de Frankenstein, version féministe. Oeuvre impertinente où l'on trouve notamment des scènes de nudité et de sexe. Sur lesquelles la star de La La Land est longuement revenue...
Dans les pages de Madame Figaro , Emma Stone a effectivement expliqué que travailler avec une coordinatrice d'intimité sur le tournage l'a clairement fait changer d'avis sur le sujet. On l'écoute !
Coordinatrice d'intimité ? Un job essentiel pour Emma Stone : "La confiance que je plaçais en Yorgos, le réalisateur, me semblait suffisante sur 'Pauvres créatures' mais, pour lui, ce n'était pas négociable. La coordinatrice d'intimité Elle McAlpine a créé un environnement très sécurisant pour tous les acteurs"
"J'étais moi-même contre l'idée de travailler avec une coordinatrice d'intimité mais j'avais tort !", a encore expliqué auprès de Madame Figaro l'actrice, qui pourrait très bien avoir trouvé avec Pauvres créatures, en salles ce 17 janvier, l'un des plus grands rôles de sa vie. Au-delà des récompenses, la critique est déjà très élogieuse au sujet du dernier long forcément dérangeant et dingue de Yórgos Lánthimos, cinéaste grec expert sans concessions.
"Cette coordinatrice d'intimité, telle une danseuse, a pensé des chorégraphies qui, à l'écran, permettent aux scènes intimes d'être plus réalistes. Elle a été une collaboratrice artistique comme une autre", a poursuivi Emma Stone. On a l'impression que l'actrice a vécu une véritable épiphanie en rencontrant la chorégraphe du sexe. Une parole qui fait plaisir à entendre.
"Dans le film, c'était nécessaire d'être nue. Cependant, si être nue sur un plateau est source de vulnérabilité, pleurer ou jouer du piano avec les pieds comme le fait mon personnage rendent tout aussi fébrile ! Le sexe n'est d'ailleurs qu'une pièce du puzzle : si elle s'adonne aux plaisirs de la chair, Bella [son alias à l'écran] a autant de curiosité pour la nourriture, la philosophie, les voyages, la danse"
Né au théâtre, le taf de coordinateur d'intimité s'est particulièrement démocratisé sur des séries télévisées comme Normal People avec Paul Mescal. Mais également dans tout un tas de fictions érotiques estampillées Netflix ! Le champ du porno lui-même s'est mis à inviter sur le plateau ces professionnels essentiels afin de superviser les scènes les plus impudiques - c'est ce que fait la cinéaste féministe Anoushka. Cependant, Madame Figaro déplore à juste titre : "En France, ils peinent à trouver leur place...".