Sortir, flirter, coucher, quand on est quasi octogénaire... Improbable ?
Non, à en croire une légende qui s'y connaît, question vie "rock n roll", car elle est l'un des mythes de ce mode de vie : Deborah Harry, plus connue sous l'appellation familière de Debbie Harry, leadeuse du groupe Blondie. Si iconique que pour beaucoup, "Blondie" est quasiment son surnom. Et bien, la chanteuse la plus cool de Floride défend le droit à une vie sentimentale très active en tant que femme septuagénaire. N'en déplaisent à celles et ceux pour qui le sujet est un gros tabou.
Dans une interview accordée au Times, Debbie explique que malgré les aléas de l'existence elle reste plus que jamais "curieuse" de sortir avec quelqu'un à 79 ans. Même si elle ne semble pas très cliente des applications de rencontre. "Mais j'aime l'alchimie entre les gens", argumente la voix obsédante de Heart of Glass.
Et l'âge, pour elle, n'exclut personne de cette "alchimie"... Elle a d'ailleurs une bonne anecdote épicée à ce propos.
Auprès du Times toujours, l'emblème blond patine de "Atomic" décoche un léger funfact qui démontre sa persévérance dans le monde du dating. Avec beaucoup d'humour bien sûr. Une dérision familière aux fans de l'actrice de Videodrome.
Harry explique effectivement avoir récemment croisé un homme "vraiment sexy"... Au détour d'un rayon du magasin Home Depot, un Bricorama à l'américaine. "Il travaillait au rayon jardinage. Mais il était occupé", s'amuse-t-elle, phrase que l'on imagine accompagnée d'un sourire. Derrière l'humour cependant, se profile un vrai sujet.
"Je ne suis certainement pas aussi aventureuse qu'avant, mais je suis toujours curieuse... Et j'aime la façon dont le monde tourne aujourd'hui", avoue la chanteuse de Call Me. "Aventureuse", alors que la société semble justement invisibiliser si ce n'est exclure les femmes d'une vie sentimentale et sexuelle active dès la ménopause. L'impensé est même absolu. Les préjugés âgistes vont bon train à ce propos.
Des actrices luttent contre. A l'instar de l'inénarrable Emma Thompson, dans ce sulfureux film. La volonté de la star, à travers certaines de ses performances, est de mettre à l'image ce qui est trop rarement dépeint : le plaisir féminin, passé le cap de la quarantaine.
Dans nos pages, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie nous explique qu'aux femmes ménopausées, on retire volontiers, dans notre société patriarcale, le statut de femme "désirée" et au passage celui de "femme désirante". Celles-ci ne seraient donc plus "sujets de désirs", observe l'autrice du Corps des femmes. Enfin, c'est ce qui se dit.
"À partir du moment où les femmes franchissent le cap "fatal" de la ménopause, elles sortent du groupe des femmes procréatrices et elles perdent de ce fait ce qui est considéré depuis toujours comme leur principale fonction sociale. Elles disparaissent en tant que sujets"
De toute évidence, relate l'érudite, nos représentations sont biaisées, et cela se ressent profondément jusqu'à nos écrans, où les stéréotypes de genre n'épargnent rien ni personne. Même si récemment, les négativement proclamées "cougars" prennent leur tant attendue revanche.