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


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
"C'est la meuf qui couche !"
Bref 2 est acclamé par les internautes. Perplexes dans un premier temps, les spectateurs de la shortcom culte de Canal devenue série traditionnelle sur Disney+ (format de trente minutes et poignée d'épisodes à la clef) n'ont pas hésité à partager leur enthousiasme concernant la tonalité délicatement douce amère de cette seconde saison inattendue, toujours signée Kyan Khojandi et Navo.
Série qui gagne en gravité, en lucidité, en maturité... Et qui, si elle intronise de nouveaux visages, comme celui de Laura Felpin et d'une flopée de guests, redonne également le la aux personnages emblématiques des tout premiers épisodes. Et parmi ceux-là, impossible d'oublier Marla, le "plan cul régulier" du narrateur (au prénom toujours inconnu). Cette jeune femme prénommée ainsi en hommage à Marla Singer, la géniale tabagiste dépressive interprétée par Helena Boham Carter dans Fight Club, a beaucoup marqué son public...
Et c'est l'actrice qui l'incarne, Bérengère Brief, à l'affiche de son tout nouveau stand up, sobrement intitulé SEXE, qui se permet aujourd'hui de coucher sur le divan son alias à l'écran. Car cette "sex friend" iconique n'annonçait-elle pas beaucoup d'enjeux féministes apparus depuis au fil des années ? Est-ce une figure jubilatoire ou qui vit mal le poids des années au revisionnage quelques années après #MeToo ?
Bérangère Brief se confesse...
Perso un peu facile ou révolutionnaire ?
C'est dans les pages glacées de Madame Figaro que l'humoriste trentenaire effeuille son personnage sulfureux. Elle raconte : "J’ai joué Marla, le plan cul régulier du héros dans la série Bref. Et c'est un symbole de sexualité décomplexée, hors du modèle du couple".
"Celle que la société appelait «la fille qui couche» et sur laquelle on posait un regard réprobateur que j’ai aussi senti sur moi, par ricochet. J’incarnais à la fois la liberté et la bouffée d’air frais...", se réjouit-elle encore à l'heure de l'introspection nécessaire.
On retrouve là une forme d'engagement en osmose avec les convictions des féministes pro-sexe. Une considération de la sexualité et de la joie à disposer librement de son corps. Une remise en question des injonctions à la vie à deux, également, un débat très actuel, exploré ces dernières années au gré de podcasts et d'essais féministes.
Cependant, ce rôle cliché du "plan cul régulier" ne va pas simplement lui faire du bien, en lui apportant plaisir de jeu, volonté féministe et notoriété... Elle avoue encore : "...mais porter cette sexualité débridée me pesait vis-à-vis du milieu dans lequel j’ai grandi et de mes proches. Cela dit, depuis, les stéréotypes de genre ont évolué !"
"Aujourd'hui on met plus de conscience dans notre sexualité. Peut-être se pose-t-on davantage cette question indissociable de l’acte sexuel : de quoi ai-je réellement envie ? Pour vivre une sexualité épanouie, il me semble important de sonder ses propres désirs", détaille encore l'artiste en décryptant la chose ainsi : "la sexualité dont je parle est empreinte de douceur, de joie et d’amour. J’ai la sensation qu’il faut sortir des injonctions à la performance : la confiance est une base plus solide que la durée du coït ou la quête de l’orgasme"
"Pire : il y a tant d’injonctions à pratiquer et à performer qu’on se retrouve parfois nu avec des personnes avec qui on avait déjà du mal à discuter. Un non-sens total. La communication est la clé de la sexualité".
Bérengère Krief, à l'unisson du thème de ce nouveau spectacle, n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat concernant la sexualité. Récemment, la performeuse X Lele O lui a demandé "avec combien d'hommes elle avait couché" lors de l'interview Téléphone Rose, sur Canal +. Des confessions sexo à retrouver ici : "Mon body count ? Plus de 30 !... j'aime le sexe quand c'est joyeux. Je me suis longtemps confrontée au désir des hommes, j'étais en demande permanente d'expériences... J'étais un objet désirant... Aujourd'hui je suis un sujet !", avait rétorqué la comédienne.
Précisant encore face à la performeuse et podcasteuse érotique : "... On peut dire d'une femme drôle que c'est la 'bonne pote', pas forcément celle que tu veux ken... Mais moi en tout cas je trouve que quelqu'un qui te fait rire, c'est très charmant. Rire c'est presque orgasmique !... Quand est-ce que le sexe commence à être trop long pour moi ? 1h30, je dirais..."
Une parole libre qui avait fait réagir. Certains jugeant le chiffre de 30 "trop grand" pour une seule femme. On était alors à deux doigts seulement du "slut shaming", cette manière de juger la sexualité (supposée des femmes). La réponse de l'humoriste fut fracassante.
Dans une vidéo à retrouver ici, Bérengère Krief avait effectivement imaginé un dialogue avec son copain sur Instagram à ce sujet : "- Tu ne m'as jamais demandé mon body count ! - Non, car tu ne m'as jamais posé la question ? - Oui, ça ne m'intéresse pas... mais maintenant...". Et d'ajouter avec un grand sourire "Mais même 10 relations par an, c'est rien ! C'est même pas une par mois !".