A l’origine, c’est Antoine Crisan, kiné débordé, qui a l’idée de créer une machine de massage. Ce dernier ne peut réaliser plus de 4 à 5 massages de qualité par jour. Il aurait bien besoin d’un assistant pour le suppléer. Pourquoi ne pas confier la tâche à un robot ? L’idée ne paraît en tout cas pas saugrenue à Philippe Duhot, son voisin à Sceaux et père de la meilleure amie de sa fille. Philippe rejoint sans hésiter le projet DreamTouch. « Antoine a développé toute la parte technique et thérapeutique, je me suis chargé du business plan, de la communication, du marketing et du design, » explique-t-il.
Avant de déposer les statuts de la SARL (qui deviendra en 2009 une SAS), une étude de marché s’impose. Les deux amis et désormais associés interrogent leur réseau de kinés qui admettent pour la plupart ne plus avoir le temps de pratiquer beaucoup de massages. Pourtant, quand la machine est présentée fin 2009 au Salon Rééduca de Paris, l’accueil est partagé. D’un côté, les kinés indépendants crient à la concurrence déloyale. De l’autre, les gros cabinets conçoivent le potentiel de la machine mais… ne passent pas commande pour autant.
«Ce fût une grosse déconvenue pour nous, à ajouter aux difficultés plus grandes que prévu pour la mise en place de l’appareil, » relève Philippe Duhot. Le prototype présenté au Salon donne suite à une première série, mais la mise au point a pris six mois de plus que prévu.
Heureusement, l’investissement de départ, un million d’euros, est conséquent. Mis à part leur financement personnel et le concours d’une dizaine d’actionnaires, des proches business angels, DreamTouch peut compter sur les aides d’Oséo, et toutes les subventions possibles en matière de jeunes entreprises innovantes. Autre soutien précieux, celui de l’incubateur Scientipôle Initiatives qui leur délègue des conseillers et leur prodigue des formations. Malgré cela, quelques erreurs leur font perdre beaucoup de temps : « on a tout voulu faire nous-mêmes, mais ce n’est pas la meilleure solution, car nous ne sommes pas des commerciaux, » précise Philippe.
Aujourd’hui, la situation se débloque un peu. Les deux associés ont vendu 7 appareils (dont le prix varie entre 23 000 et 38 000 euros HT), et ont lancé l’Institut du Dos dans leur showroom du 14ème arrondissement de Paris. Antoine y exerce son métier de kiné à l’aide du robot masseur, ce qui permet à la société de générer du chiffre d’affaires, l’objectif étant de compenser leurs charges d’ici trois mois, et d’amorcer la pompe des ventes. A terme, d’autres centres pourraient être ouverts sur le territoire, et constituer ainsi des relais de croissance.
Ses 3 conseils :
- Avant de se lancer, vérifier que le projet tient vraiment la route, et que sa famille le soutient ;
- Se faire challenger par des personnes extérieures au projet, qui poseront les bonnes questions
- Toujours multiplier par 3 le temps pour faire une chose, car il y a beaucoup d’impondérables
Bio :
Juillet 1963 : naissance à Cannes (06)
1986 : Diplôme de l’ISC (Institut Supérieur du Commerce)
1986-2003 : différents postes dans marketing et communication au sein de grands groupes
2003 : création de l’agence Opt’In Power
2008 : création de DreamTouch
Charlotte Bohn, créatrice de Gribouille, à Paris
Habiba Jallow, créatrice des sacs Malhys
Bail Art : l’art à portée des entreprises
Retrouvez tous les lundis nos portraits de créateurs dans le Parisien Economie