C'est l'histoire d'un calvaire. En 2012, la jeune Salvadorienne Sara Rogel perdait son bébé. La cause ? Une chute accidentelle. Mais pas aux yeux de la justice, qui a condamnée cette vingtenaire à 30 ans de prison pour "homicide aggravé". C'est finalement après 9 ans d'emprisonnement au sein d'un établissement pénitencier pour femmes de la commune de Zacatecoluca que la citoyenne vient (enfin) d'être libérée.
Le point final d'une affaire accablante ? Toujours est-il que la principale concernée n'a pas caché son soulagement. "J'ai eu l'impression de naître à nouveau", a-t-elle déclaré aux médias à sa sortie de prison, comme le relève Madame Figaro. Plus précisément, Sara Rogel bénéficie actuellement d'une libération conditionnelle anticipée.
Aujourd'hui, c'est l'histoire qui la précède qui défraie la chronique et en dit long sur la société et la justice de son pays. Enceinte à ses 20 ans, Sara Rogel aurait fait une grave chute dans l'arrière-cour de sa maison. Elle serait tombée et, inconsciente, aurait été conduite à l'hôpital. Là-bas, on l'accusera d'avoir... pratiqué un avortement. C'est en vérité cela que la justice salvadorienne qualifiera "d'homicide aggravé".
Le cas de Sara Rogel est donc emblématique d'un pays où l'avortement est encore considéré comme un crime. Plus précisément, c'est le code pénal qui l'interdit formellement, et ce quelque soit la situation. De fait, autorités et justice condamnent et emprisonnent celles qui en sont accusées. Initialement condamnée à 30 ans de prison, Sara Rogel verra cependant sa peine diminuer à dix ans grâce aux divers appels alertes du Groupe citoyen pour la dépénalisation de l'avortement thérapeutique, éthique et eugénique (ACDATEE).
Depuis des années déjà, ce groupe activiste s'exerce à éveiller les consciences et à exiger un bouleversement de la loi nationale à travers l'exemple de cette lourde condamnation. A l'unisson, l'avocate de la condamnée fustige "une peine injustement infligée", comme le rapporte encore Madame Figaro. Quant à la principale concernée, elle aurait déclaré lors d'une conférence de presse : "Un accident a complètement bouleversé ma vie. J'aimais mon bébé mais je l'ai perdu à cause d'une chute, j'avais tout ce que désirait une mère, avoir un bébé".
Si Sara Rogel a été libérée après des années d'enfermement, elle ne sera pas la dernière à subir un tel sort. Sort contre lequel luttent les militantes féministes du Salvador, au sein d'un pays à la législation archaïque. A ce sujet, l'on se rappelle d'une autre affaire, celle d'Evelyn Hernandez : lors d'un premier procès, cette jeune Salvadorienne avait été condamnée à 30 ans de prison... pour avoir fait une fausse couche. C'était en 2017.