Depuis sa plus tendre enfance, Madison Stewart se bat pour protéger les requins. Surnommée Shark Girl dès l'école primaire, elle créé à 8 ans une pétition pour lutter contre les tueries de requins à proximité de chez elle. Dès ses 12 ans, elle est certifiée plongeuse en eau libre. Par la suite, elle quitte l'école pour suivre des cours par correspondance et se dédier à son engagement. En accord avec son père, elle décide même de dépenser sa bourse dans une caméra pour se lancer dans des documentaires. Un parcours atypique, qui ne s'arrête par là. Car l'océan est pour elle "son quotidien et son foyer".
L'année dernière, l'insitution Smithsonian a consacré un documentaire à Madison, très justement nommé Shark Girl. Un moyen pour elle de défendre ses croyances et de révéler les pratiques illégales des entreprises qui chassent les squales et du gouvernement australien qui fait semblant de ne rien voir. Dans ce film, on peut la voir nager avec les requins, les nourrir et ce, dans pas moins de 4 océans différents. Selon elle, le moment le plus terrifiant ne fut étonnamment pas dans l'eau mais plutôt lorsqu'elle a décidé de se confronter à une compagnie participant au massacre en commercialisant des requins. Les images mettent en scène des moments effrayants. On peut ainsi voir des requins mutilés, blessés, tués par l'homme sans aucune pitié.
L'objectif premier de Madison? Que les gens développent un regard nouveau sur les requins. Car s'ils sont indéniablement "dangereux, fascinants et d'incroyables prédateurs", ils ne sont en aucun cas la machine à tuer que l'on suppose. A l'origine de cette peur commune, on peut supposer la mise en scène de films d'horreurs tout en exagération et la surmédiatisation des accidents de nageurs.
Mais bien que les requins soient perçus comme un réel danger, il est important de préciser que cette réflexion est biaisée. Car s'ils sont en cause de la mort de 10 hommes par an dans le monde, on en oublie que 100 millions de requins sont tués par les humains dans ce même délai. Selon Madison, le plus grand danger lié au requin serait en fait de les cuisiner car "ils sont pleins de toxines comme le mercure qui empoisonnent l'homme."
Et si les requins ne sont pas les meilleurs copains de l'homme, leur présence dans notre écosystème n'est tout de même pas anodine. C'est ce que clame Sonja Fordham, l'avocate internationale des requins. En tant que prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, ils sont indispensables.
Pour exemple, si la grande barrière de corail d'Asie Pacifique est perçue comme cet incroyable lieu de diversité, la vérité est toute autre. Une chasse aux requins incommensurable a mené à une grande diminution du nombre de requins dans ces eaux et pour conséquence, la disparition des poissons dans cette même zone ; ne laissant derrière eux que des décombres et un lieu déserté. Il s'agit là du plus grand regret de Madison, qui nageait petite dans ce lieu exceptionnel. C'est d'ailleurs là une des premières raisons de son engagement.
Madison tient à faire taire les mythes entourant la créature qui bien souvent, sont à mille lieux de la réalité. Si le requin est perçu comme un monstre avide de viande fraîche, il est avant tout un animal passif.
L'idée qu'un requin se rue sur un humain dès qu'il le voit est complètement fausse. Au contraire, la jeune femme retient de ses nombreuses expériences qu'en présence de l'homme, la plupart fuient, effrayés de ce qu'il pourrait leur arriver. Et s'ils sont curieux, ils reculent tout de même dès lors que leur regard croise le nôtre. Une autre théorie infondée : les requins seraient attirés par le sang humain et ne pourraient y résister. S'étant déjà coupée lors d'une expédition, elle précise bien que les requins autour d'elle n'eurent "aucune réaction". La technique phare pour que la situation ne dégénère pas serait très simple : rester calme. Les requins ressentent nos émotions, et agissent en fonction d'elles. Si l'on est détendu, ils le seront aussi.
Pour conclure, la jeune femme déclare qu'elle est persuadée qu'elle n'a pas choisi ce mode de vie mais qu'il s'est présenté à elle comme une évidence. Et que si elle peut changer les mentalités d'une personne chaque jour pour le reste de sa vie, "alors son travail est fait." Tout récemment, elle a reçu un prix qu'elle convoitait depuis des années, celui d'avocate de l'océan, une consécration pour Madison, qui tente de faire bouger les choses depuis toute petite.
Finalement, que devons-nous retenir du travail de Shark girl ? Probablement que nous devrions avoir un certain respect pour cet animal, au lieu d'en avoir peur, le haïr ou bien essayer de le faire disparaître de l'océan.