« Avec 57% de femmes allocataires du RSA dont 31% à la tête d’une famille monoparentale, des temps partiels féminisés à 82%, la question de la précarité pour les femmes doit être au cœur de nos préoccupations. D’autant que les risques de précarité affectent plus durablement le parcours des femmes et qu’ils se répercutent aussi sur leurs enfants, avec le danger de les inscrire dans un processus de transmission et de reproduction d’un état précaire. » C’est à partir de ce constat que la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du Conseil économique, social et environnemental (CESE) propose dans son étude « Femmes et précarité », des pistes d’action pour lutter contre ces situations.
En premier lieu, selon la délégation, il s’agit d’abord de prévenir la précarisation en luttant notamment contre l’illettrisme et en soutenant la communication autour de métiers encore peu féminisés : « C’est indispensable pour ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes filles et lever leurs réticences vis-à-vis de certains secteurs porteurs d’emplois » souligne ainsi les rapporteurs de l’étude, Éveline Duhamel et Henri Joyeux. Dans un deuxième temps, il s’agit d’encadrer au mieux les situations de précarité et notamment les temps partiels. En ce sens, les rapporteurs estiment « que l’accord conclu début janvier 2013 portant sur l’introduction d’un minimum hebdomadaire de 24h, la majoration des heures complémentaires dès la première heure et la priorité donnée à la négociation de branche va dans le bon sens ». Mais Éveline Duhamel et Henri Joyeux insistent aussi sur l’importance de prendre en compte l’impact de ces situations sur les retraites des femmes. En effet, ils rappellent que « 57% des allocataires du minimum vieillesse sont des femmes et que les femmes, en 2008, percevaient une pension de droit direct presque deux fois plus faible que celle des hommes ».
Mais, il est aussi indispensable selon le CESE de prendre en compte l’impact de ces inégalités sur la santé des femmes : « Les femmes en situation précaire ont besoin de relais pour accéder aux droits qui leur sont ouverts : association de quartier, unités gynécologiques spécifiques mobiles, etc. Pour éviter les ruptures de droits, des ajustements devraient intervenir pour adapter, sans délai, l’attribution des prestations sociales aux évolutions des situations de leurs bénéficiaires ». Les rapporteurs rappellent par ailleurs « les femmes représentent 58% des personnes atteintes de troubles musculo-squelettiques, avec un risque d’exposition de 22% supérieur à celui des hommes ». Enfin, l’étude insiste sur l’importance d’une aide au retour à l’emploi pour les mères isolées et propose 5 mesures dans ce sens : la mobilisation de moyens adaptés pour faciliter l’accueil des enfants ; le développement des dispositifs d’aide à la parentalité ; l’amélioration de l’information et de l’accès aux droits et la clarification des règles pour le recouvrement de pensions alimentaires avec la création d’une Agence nationale chargée du recouvrement des pensions alimentaires et le versement d’une allocation de soutien familial (ASF) différentielle à toutes les mères isolées.
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