"Les autorités ont enfin retrouvé Enzo, il est en bonne santé et est auditionné en ce moment même". C'est ce message rassurant qu'a souhaité partager Rien à guérir, association de lutte contre les thérapies de conversion. Ces "thérapies de conversion" n'ont évidemment de thérapies que le nom, ayant pour objectif de tenter de changer l'orientation sexuelle d'une personne en usant de la violence psychologique et physique.
Un système dont aurait malheureusement été victime Enzo, un adolescent transgenre de 17 ans. Il aurait été amené au sein de l'un de ces centres, dans le Loiret, par sa propre famille.
C'est suite à la mise en ligne sur les réseaux sociaux d'un témoignage-vidéo posté par la colocataire d'Enzo, Julie, à Montpellier, relayé par l'association Fierté Montpellier Pride, que la situation d'Enzo a suscité la mobilisation en France. La jeune femme y indiquait qu'Enzo serait en danger, puisque ses parents auraient décidé "de l'envoyer contre son gré à partir de lundi à Juranville dans le Loiret", refusant que leur enfant soit transgenre.
Le 10 janvier, le parquet de Montpellier avait ouvert une enquête préliminaire pour "enlèvement et séquestration" suite à l'alerte de nombreuses associations de défense des droits des personnes LGBTQ, comme le relate le Huffington Post.
"Grâce à une rapide mobilisation des services territoriaux de la police judiciaire, la jeune personne qui avait disparu de Montpellier dans des conditions justifiant l'ouverture d'une enquête a été découverte saine et sauve hier soir au domicile de membres de sa famille", a confirmé le procureur de la République de Montpellier, Fabrice Belargent. Enzo a ainsi été retrouvé ce lundi 10 janvier au domicile de ses grands-parents par la police judiciaire.
"L'existence d'un lieu destiné à la pratique des thérapies de conversion dans le Loiret n'a aucunement été établie dans le cadre de cette enquête", a souligné Fabrice Belargent, comme le rapporte le quotidien Midi Libre. "Les éléments constitutifs des infractions d'enlèvement et séquestration n'apparaissent pas caractérisés en l'état. Il convient désormais d'établir si d'autres infractions auraient pu être commises au préjudice de cette personne", a conclu le procureur dans un communiqué ce mardi 11 janvier.
Le 14 décembre 2021, suite à une longue attente, une loi d'interdiction des thérapies de conversion était enfin adoptée à l'Assemblée nationale. Elle inscrit la thérapie de conversion au sein du code pénal en tant que délit spécifique, passible de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. Les circonstances aggravantes peuvent faire grimper cette peine jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
L'enfer des thérapies de conversion avait l'an dernier suscité une vague de témoignages poignants, à travers le hashtag #RienAGuerir. "J'ai survécu à presque quatre ans de thérapie de conversion entre mes 8 ans et mes 12 ans, j'ai mis presque 20 ans à me reconstruire avant d'oser être moi même. Ce sont des pratiques abusives et cruelles", "Ces thérapies sont des horreurs sans nom qui ne devraient pas exister", "Pas malades, les personnes lgbtqia+ ne sont donc pas à guérir. En 2021, il y a encore des tortures", pouvait-on notamment lire.