Elles prétendent transformer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne par des techniques diverses, mais sont en réalité des lieux de torture insoutenable. Humiliations, sévices physiques ou encore viols : des actes odieux révélés, entre autres, par le documentaire Tu deviendras hétéro, mon fils, de Caroline Benarrosh.
Si les "thérapies de conversion" (terme né aux Etats-Unis dans les années 1950) sont déjà bannies en Allemagne, en Albanie, au Brésil, sur l'Île de Malte ou dans certaines autonomies espagnoles, en France, elles existent toujours. Une réalité à laquelle la députée LREM de l'Allier Laurence Vanceunebrock veut mettre un terme rapidement.
En juin 2020, elle avait ainsi annoncé le dépôt d'une proposition de loi visant à les pénaliser et à créer une "infraction spécifique dans le Code pénal" pour les condamner, rapporte Le Parisien, accompagnée d'une demande de rapport du gouvernement "afin d'assurer l'information des citoyens, la formation sur la prise en charge des victimes par les professionnels concernés".
De quoi permettre "d'avancer sur ce travail essentiel dans la lutte contre ces tortures", détaillait la députée au HuffPost en 2020, de libérer la parole, et aussi de mesurer l'ampleur de ces dégâts en établissant des "statistiques" sur ce "thème bien spécifique".
Depuis, cependant, silence radio du côté de l'Assemblée nationale. La faute à un calendrier législatif chamboulé par la crise sanitaire, évoquait l'élue au média, qui assurait toutefois "mettre la pression" pour que le texte passe devant les élus début 2021. Et elle n'est plus la seule à réclamer que les choses s'accélèrent.
"Il est urgent de mettre ce passage de loi au calendrier", martelait ce 29 avril le rappeur Eddy de Pretto sur Instagram, interpellant le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale Christophe Castaner. La publication, ensuite relayée sur son propre compte Twitter, est accompagnée du hashtag #RienAGuérir.
Un slogan faisant écho au collectif du même nom, composé de 23 rescapé·e·s de "thérapies de conversion", qui le 25 novembre dernier, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, a signé une tribune dans les colonnes du Monde pour exhorter l'exécutif à soutenir la proposition de loi de Laurence Vanceunebrock. Le "seul texte efficace aujourd'hui pour éradiquer ces tortures en France", estimait-il alors.
"Soyons clairs : ces pseudo-thérapies ne fonctionnent pas", affirmait Rien à Guérir. "Pire, elles produisent des dommages profonds que nous avons tous subis : honte, culpabilité, isolement, désespoir. Nous avons parfois dû lutter contre des épisodes de dépression, d'anxiété et des pensées suicidaires, voire tenté de mettre fin à nos jours." Et ce bilan dramatique, il est grand temps de ne plus l'ignorer.
Autre voix à s'élever pour exiger des décisions immédiates : celle de la chanteuse Hoshi. "Il faut vite programmer l'examen de cette proposition de loi", légendait-elle la semaine dernière, s'adressant elle aussi au chef de la majorité. Un soutien de taille qui, on l'espère, pourrait apporter une visibilité nécessaire à un texte indispensable. Et une légifération essentielle.