Au début des années 70, les étudiants américains découvraient les premières "Women's studies", un champ d'études interdisciplinaire explorant divers sujets de société (politique, histoire, médias, sexualité) depuis des perspectives féminines et féministes. Enseignée actuellement dans une centaine d'universités outre-Atlantique, cette discipline académique sera très bientôt rejointe par les premières "Masculinities studies". Comme le rapporte Slate.fr , le premier programme sera lancé à la rentrée à l'université de Stony Brook dans l'État de New York. Dès 2017, il sera ainsi possible d'obtenir un master en études des représentations de la masculinité.
C'est sous l'impulsion du sociologue Michael Kimmel que ce programme va voir le jour. Auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, l'homme de 64 ans espère répondre à la question : qu'est-ce que cela signifie d'être un homme dans notre société actuelle ? Aidé par des spécialistes de différentes disciplines, il se penchera ainsi sur les influences des médias, de la pop culture, mais aussi de la race et de la sexualité sur les hommes.
Au premier abord, on pourrait se demander si ces études sont réellement nécessaires. Après tout, les hommes ne sont-ils pas déjà omniprésents, de l'histoire à la science en passant par la culture ? Mais ce serait se tromper sur l'objectif de Michael Kimmel. Grâce à son programme, le sociologue espère briser les stéréotypes qui entourent les hommes, mais aussi à pousser ces derniers à se sentir plus concernés par l'égalité des sexes. Lors de la première conférence internationale sur les masculinités qui se tenait en mars dernier à New York,il expliquait ainsi pourquoi le féminisme est bon pour les hommes :
"La plupart des hommes pensent que le féminisme ne les concerne pas et que ce n'est pas dans leur intérêt. Quand nous pensons à l'égalité des sexes, on imagine que si les femmes gagnent, les hommes perdent. [...] Mais lorsqu'on regarde de plus près, on se rend compte que les entreprises qui mettent les hommes et les femmes sur un pied d'égalité sont les plus rentables. On voit aussi que plus les hommes aident à la maison, plus les femmes sont heureuses, et donc plus les enfants et les hommes sont heureux".
L'un des autres angles d'approche des "Masculinities studies" de Michael Kimmel est l'impact des stéréotypes sur les hommes. Notre définition de ce qu'est être un homme aujourd'hui aurait ainsi des conséquences sur la santé mentale de ces derniers. Selon le New York Times qui consacre un papier au sociologue, les hommes auraient du mal à trouver leur place dans notre société actuelle et vivraient une véritable crise. Une crise identitaire qui pourrait mener à des comportements violents. Le sociologue confie :
"Il y a une fusillade aux États-Unis presque tous les mois. Et à chaque fois que cela arrive, on parle des armes. On parle de la santé mentale. Mais on ne parle jamais du fait que ces tueurs de masse sont des hommes. Nous avons besoin de comprendre comment la masculinité affecte leur expérience".
À la rentrée, Michael Kimmel et à l'ONU Femmes lanceront également des ateliers destinés aux étudiants masculins dans différentes universités américaines. Les premiers sujets abordés seront les agressions sexuelles (qui ravagent les campus américains) et la santé reproductive masculine.