La deuxième ville de Suède, Göteborg, qui compte plus d'un million d'habitants a mis en place une campagne pour aider les jeunes filles victimes de mariages forcés et d'excision. De nombreuses jeunes filles sont emmenées de force dans leur pays d'origine ou celui de leurs parents pour subir ces violences. Il n'y a pas de chiffres précis en Suède. Cependant, une ligne de téléphone nationale dédiée a reçu l'année dernière 139 appels de signalements. Une étude datant de 2015 démontre par ailleurs que 38 000 femmes et jeunes filles vivraient en Suède avec des mutilations génitales, pour une population totale de près de 10 millions d'habitants.
L'été est une période de grand danger concernant le risque de subir ce genre de violences. En effet, les jeunes filles sont emmenées dans leur pays d'origine pendant les vacances scolaires. Parfois, elles ne sont même pas au courant qu'elles vont à leur propre mariage ou ne se doutent pas qu'elles vont être mutilées. La ville de Göteborg a donc décidé de réagir et de former les personnes en charge de la sécurité de l'aéroport local. Constamment entourées par leur famille, il faut trouver un moyen de les en séparer pour que les jeunes filles puissent alerter sur leur situation en toute discrétion.
Katarina Idegard, qui s'occupe de la lutte contre les crimes d'honneur à Göteborg, a donc décidé de reprendre une idée de l'ONG britannique Karma nirvana. Elle incite les jeunes filles à placer une petite cuillère dans leurs sous-vêtements. Ainsi, une fois arrivées à la sécurité de l'aéroport, elles sonnent au portique. Prises à part par le personnel formé, elles peuvent alors raconter leur histoire aux personnes de la sécurité susceptible de les aider avant d'embarquer dans l'avion. "C'est leur dernière chance de lancer l'alarme", explique Katarine Idegard à la Thomson Reuters Foundation. Elle tente maintenant de sensibiliser toutes les villes de Suède à ce dispositif.
En France, le Ministère des Affaires étrangères a publié plusieurs recommandations pour les jeunes filles se retrouvant dans ces cas. Si la personne est majeure, elle peut demander une ordonnance de protection au juge des affaires familiales. Ce juge peut ordonner à la demande de la victime une interdiction temporaire de sortie du territoire. Pour les mineures, un signalement doit être effectué dans la mesure du possible à l'Aide Sociale à l'Enfance et un juge des enfants peut le cas échéant prononcer une interdiction de sortie du territoire. Il existe également un numéro, le 3919, à appeler en cas d'urgence.
Selon des chiffres de l'Observatoire des violences faites aux femmes datant de 2014, le chiffre des mariages forcés en France tend à diminuer. 4 % des femmes immigrées vivant en France et 2 % des filles d'immigrées nées en France âgées de 26 à 50 ans ont subi un mariage non consenti. Il y aurait par ailleurs 53 000 femmes majeures mutilées (excision et infibulation) dans l'Hexagone. Et selon le Secrétariat d'Etat à l'égalité femmes-hommes, "3 adolescentes sur 10 dont les parents sont issus de pays pratiquant traditionnellement l'excision sont menacées de mutilations sexuelles".
Toute personne en France qui force au mariage encourt trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Les violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente sont punies de 10 ans à 20 ans de prison.