Ce mardi 12 février, l'Assemblée nationale a adopté l'amendement visant à remplacer les mentions "père" et "mère" par "Parent 1" et "Parent 2" dans les formulaires scolaires afin de mieux représenter la diversité des schémas familiaux modernes.
Comme on pouvait, hélas, s'y attendre, le mouvement conservateur la Manif pour Tous s'est empressé de s'ériger contre cette mesure, la qualifiant de "bêtise idéologique niant la réalité de la filiation".
Fermement opposée à la loi Taubira- qui ouvre le droit au mariage et à l'adoption pour les coupes de même sexe- la Manif pour Tous ressert son argument ultime pour justifier son opposition aux familles homoparentales : privé de figure paternelle ou de figure maternelle, l'enfant sera malheureux.
Or, une récente étude menée par le chercheur Eric Feugé, doctorant à l'Université de Montréal, prouve le contraire. Publiée dans la revue La Gazette de Montréal, la thèse de fin d'études consacrée au sujet a observé pendant sept ans 46 familles, dont 92 pères en couple et 46 enfants âgés de un à neuf ans.
"Le premier volet visait à observer et à analyser le degré d'engagement et d'implication des pères gays auprès de leurs enfants, notamment quant à l'éducation et aux soins prodigués, puis à identifier les principaux déterminants de cet engagement", explique Eric Feugé.
Première conclusion : les papas gays se montrent très impliqués dans la vie de leurs enfants et ont tendance à partager la charge de travail de manière équitable. L'étude d'Eric Feugé révèle que les pères ont tendance à assumer des rôles différents dans l'éducation des enfants, même si les différences restent "mineures" en comparaison des pères hétérosexuels.
Autre donnée intéressante : le doctorant a cherché à contrer l'idée reçue selon laquelle un enfant élevé par deux pères est privé de la sensibilité d'une mère, trait de caractère que l'on associe souvent aux femmes.
"Nous avons montré un lien fort entre la sensibilité des pères et la sécurité d'attachement de l'enfant", souligne Eric Feugé, qui insiste sur le degré d'implication et de présence des pères dans l'éducation des enfants.
Si la recherche d'Eric Feugé constitue la Première étude du genre réalisée au Québec, d'autres études ont déjà prouvé avant que les enfants issus de familles homoparentales vont bien.
En septembre 2017, la professoresse anglaise en psychologie Susan Golombok- directrice du Centre Family Research de l'Université de Cambridge- a a passé au peigne fin les enfants de 84 familles à travers le monde entier, notamment des États-Unis, de la Belgique, d'Allemagne, des Pays-Bas et de Grande-Bretagne.
Les recherches ont porté à la fois sur les familles monoparentales par choix, les familles homoparentales, les enfants issus de PMA et de Gestation pour autrui (GPA), ainsi que les parents transgenres.
Les conclusions sont sans équivoque : ce n'est pas parce qu'un enfant est issu de ses nouvelles structures familiales que son identité sexuelle ou son bien-être s'en trouve perturbé.
"De nombreuses personnes pensent que plus un modèle familial dévie de la norme, plus l'impact sur l'enfant sera négatif. Cette opinion est basée sur des préjugés. Le besoin de résultats empiriques est crucial pour être au clair avec ces situations", souligne la Pr Golombok.