L'image, postée jeudi 6 février sur Facebook et Twitter, est aussi symbolique que provocante. On y voit Inna Shevchenko, la leader des Femen, vêtue telle une vierge Marie de l'art byzantin, le regard détourné et la tête nimbée d'un cercle d'or. Au-dessus d'elle est inscrit « l'IVG, c'est sacré », tandis que sur son bras droit est noté « No God in my Vagina ».
La provocation de trop ?
Pour défendre les droits des femmes, notamment ceux à disposer de leur corps, les Femen n'ont jamais craint de se mettre en scène. Au risque, parfois, de heurter la sensibilité des catholiques. Comme en décembre dernier, lorsqu'une Femen s'était introduit dans l'église de la Madeleine à Paris pour mimer l'avortement de Jésus devant l'autel. Si jusqu'ici, les féministes conduites par Inna Shevchenko avaient bénéficié de la bienveillance des politiques de gauche, ces derniers avaient cette fois-ci dénoncé une « provocation » inutile. François Hollande lui-même avaient lors de la conférence de presse présidentielle déploré les « actes antichrétiens » du mouvement et dénoncé les actes de « personnes qui pensent que l'on peut s'exhiber dans des lieux de culte et commettre des actes qui heurtent la conscience des croyants ».
Mercredi 5 février, Julie Graziani, la porte-parole du collectif « Ensemble pour le bien commun », qui se définit comme « apolitique », a publié sur Figarovox un appel à retirer de la circulation les timbres « Marianne » inspirés d'Inna Shevchenko. Dénonçant les « profanations et provocations contre les religions » des Femen, Julie Graziani écrit : « Il est impensable que la leader de ce mouvement violent, extrémiste, antireligieux, qui appelle maintenant au terrorisme, incarne plus longtemps d'une manière ou d'une autre la République française et ses valeurs. »
La nouvelle image d'Inna Shevchenko déguisée en vierge Marie survient donc dans un contexte particulier, qui laisse entendre que le mouvement féministe pourrait bien radicaliser ses actions en 2014.
En atteste la lettre ouverte au chef de l'État postée le 5 février par les Femen sur leur page Facebook. Le groupe féministe reproche à François Hollande d'avoir « capitulé » après la manifestation dimanche des « freaks rétrogrades » de la Manif pour tous, en reportant le projet de loi sur la famille, « repoussant avec lâcheté l'accès de la PMA aux couples homosexuels ». « En mai 2012, la France pensait avoir élu un président socialiste et humaniste, qui faisait des droits pour tous, le fer de lance de sa campagne. Et qu'avons-nous gagné ? Un gouvernement conservateur qui courbe l'échine et bafoue toutes les femmes, écrivent les Femen, avant de poursuivre : « En allant se prosterner devant les mi-bas saillants du pape, en mettant de côté la PMA pour tous, en ne réagissant pas face aux lois anti-avortement espagnoles, en condamnant les actions de Femen, le gouvernement français a choisis son camp, celui des conservateurs, de la haine et de l'asservissement des esprits […]
Monsieur le Président, vous avez fait un choix, celui d'insulter toutes les femmes de France, celui de céder à la pression du lobby catholique et de quelques milliers de fanatiques azimutés.
Il est tant d'assumer vos actes, de faire face aux justicières Femen et à la révolte féministe qui se met à gronder. Non ce n'est pas un coup de vent Monsieur, mais bien une tempête qui va s'abattre sur vous. »