Le président de la Fédération Française de Football (FFF) Noël Le Graët, qui avait déjà fait l'objet d'une enquête de So Foot évoquant des faits présumés de harcèlement, est au coeur de nouvelles accusations actuellement. Des victimes présumées se sont donc confiés à la cellule investigation de Radio France. Elles témoignent d'un "comportement inapproprié", mais aussi de faits présumés de "harcèlement".
L'une d'elles, Sonia, évoque une attitude "lourdingue", des invitations répétées à dîner, "des propos déplacés". A Franceinfo, elle précise : "Certains disaient : 'Oh, elle est à la FFF parce que Le Graët l'aime bien'. Mais ce n'était pas une promotion canapé ! J'essayais de gérer la situation au mieux. C'est un vieux monsieur qui n'a pas vu que le monde avait changé. Il a des blagues déplacées. Comme c'est le président, vous rigolez jaune".
D'autres voix soutiennent ces accusations.
Ayant occupé un poste élevé à la Fédération Française de Football pendant plusieurs années, Estelle, une autre victime présumée, témoigne. Elle évoque une situation de harcèlement, qui se serait étendue toute une semaine, chaque soir, par téléphone. A l'aube d'un déplacement professionnel, le président lui aurait dit "qu'il se réjouissait d'y aller avec [elle]" et aurait incité Estelle à "se mette en jupe le jour du voyage".
"Je refuse, je mets un pantalon. Dans l'avion, je suis à côté de lui, il pose sa main sur ma cuisse. Je l'ai repoussé en lui disant : 'Président, on ne va pas commencer le trajet comme ça'." Une fois arrivés sur place, il me demande de monter dans sa chambre d'hôtel. Il voulait que je lui installe un VPN sur son Ipad. Je lui ai dit de descendre dans le hall pour que je puisse m'en occuper", développe encore l'ex salariée. Avant de conclure : "De retour à Paris, je lui ai dit : 'Président, je préfère votre femme'. Après ça, il a cessé".
Auprès de Franceinfo, Estelle déplore ouvertement "les énormes problèmes de gouvernance au sein de la FFF et une omerta généralisée sur un certain nombre de sujets comme le harcèlement sexuel et moral".
Omerta qu'aurait également éprouvé Charlotte, une ancienne salariée de la FFF. "J'ai reçu de nombreuses invitations à dîner de la part de Noël Le Graët, et ce n'est pas normal vu le rapport hiérarchique que l'on avait. Il a un comportement vraiment limite. Mais je n'ai jamais ressenti ses propos comme menaçants. J'ai esquivé les invitations et il ne m'en a pas tenu rigueur", témoigne-t-elle.
Noël Le Graët s'est défendu de ces accusations. A Franceinfo, il affirme : "Je conteste fermement les prétendus comportements 'déplacés' à l'égard de salariées au sein de la FFF. J'ai toujours entretenu des relations respectueuses avec mes collaboratrices dans un climat de confiance mutuelle. Ces allégations anonymes à la fois mensongères et malveillantes visent à me nuire professionnellement et personnellement".
Dans le cadre de cette enquête, l'attitude de la directrice générale de la FFF Florence Hardouin est également critiquée. Celle-ci aurait "enfoui" les accusations de harcèlement, sans défendre les présumées victimes. Au fil des témoignages recueillis, son attitude est considérée comme "trouble" et "ambiguë".
Celle-ci a répondu à Radio France : "Je démens catégoriquement les allégations mensongères qui vous sont rapportées à mon encontre. De manière générale, je ne répondrai à aucune question des journalistes puisque, comme vous le savez, un audit demandé par le Ministère des Sports est en cours."