5-1, c'est le score des Bleues face aux Italiennes lors de leur premier match, dimanche 10 juillet. Lancé le 6 juillet dernier, l'Euro féminin de football 2022 promet des rencontres explosives qui combleront les supporters et supportrices - comme les 80 % de Français·es qui souhaiteraient voir davantage de sport féminin à la télé.
Pour ce qui est de l'égalité salariale avec leurs homologues masculins en revanche, force est de constater qu'il va falloir (encore) attendre. Et il n'y a qu'à voir la différence entre les primes pour les joueuses de la coach Corinne Diacre et les joueurs de Didier Deschamps pour le croire.
"En cas de victoire des Françaises à l'Euro, chaque joueuse pourrait toucher 24 000 euros alors que chez les hommes était 15 fois supérieur, avec des primes tutoyant les 400 000 euros pour le même trophée", rapporte ainsi Franceinfo. Comment justifie-t-on cet écart hallucinant ? Du côté de la Fédération française de foot, tout est une question de proportion.
"La FFF explique qu'elle reverse la même part aux hommes et aux femmes, précisément 30% de la dotation qu'elle reçoit de l'Union des associations européennes de football (UEFA), l'organisateur de l'événement", précise encore le média.
"Sauf que la somme de base est très différente : un peu plus de deux millions pour l'Euro féminin contre 28 millions pour l'Euro masculin. Notamment parce que les recettes de l'UEFA sont bien plus importantes quand il s'agit d'une compétition masculine. Les chaines paient plus cher pour avoir le droit de diffuser les matches des hommes. Et les sponsors sont aussi plus généreux parce que les audiences sont meilleures."
Pour Dominique Crochu, ex-première femme directrice en charge du Digital à la FFF et pionnière du développement du football pour les filles, l'inégalité aurait pris racine lorsque l'on a genré la discipline, nous décrivait-elle en 2019, lors de la Coupe du monde féminine de foot. "Tant que la gouvernance du sport aura une lecture différenciée du sport sous-entendu masculin et du sport dit féminin, on aura du mal à avancer", développait-elle alors. "Le sport n'a pas de genre. Seules les compétences sont à considérer."
Et d'ajouter qu'en différenciant les deux, on aurait fait de la version féminine "une sous-catégorie, une forme additionnée mais non incluse dans son intégralité, sans vision de l'égalité. Cela bloque, empêche une vision de stratégie générale et cohérente de la part des organisations."
Lueur d'espoir toutefois : dans d'autres pays, les choses changent. Aux Etats-Unis, l'équipe de Megan Rapinoe a obtenu l'égalité salariale sous la pression des joueuses, soutenues par le président Joe Biden, et même chose en Norvège. Alors, à quand la France ?