Comment aborder frontalement la question du harcèlement de rue, apporter du soutien aux femmes qui le subissent chaque jour tout en parvenant à sensibiliser les hommes à ce fléau mondial ? Alors que se déroule depuis le 10 avril la Semaine internationale contre le harcèlement de rue, Tatyana Fazlalizadeh a peut-être trouvé la solution.
Depuis deux ans, cette jeune artiste originaire de Brooklyn placarde sur les façades des immeubles des grandes villes d'immenses portraits de femmes. Toutes ont un point commun : elles ne sourient pas et s'adressent directement aux hommes qui, chaque jour, les abordent dans la rue, leur ordonnent de sourire puis les insultent copieusement quand ils ne parviennent pas à leur fins.
"Les femmes ne sortent pas pour vous divertir", "Les femmes ne vous doivent ni temps, ni conversation", "Mon nom n'est pas bébé", peut-on lire sous les portraits au regard intense.
Commencé en 2013 dans les rues de New York avec l'aide de ses amies, qui ont accepté de lui servir de modèles, le projet artistique de Tatyana Fazlalizadeh, intitulé "Stop telling women to smile" ("Arrêtez de dire aux femmes de sourire") s'est depuis exporté dans d'autres grandes métropoles, comme Philadelphie ou encore Mexico. Elle a aussi lancé un appel sur Kickstarter pour pouvoir se rendre à Baltimore, Atlanta, San Francisco, Los Angeles, Kansas City, Miami et Chicago.
L'objectif de Tatyana Fazlalizadeh ? Faire comprendre aux hommes qui abordent lourdement les femmes qu'ils croisent dans la rue que leur comportement est indécent et "humaniser" les victimes, qui considèrent bien souvent comme des objets. Interrogée par le Huff Post US , elle explique avoir voulu prendre part au combat contre le problème du harcèlement de rue "qui touche les femmes du monde entier". "Ce projet utilise la voix et le visage des femmes et les replace dans la rue, ce qui crée une présence rassurante pour les femmes dans un environnement où elles se sentent souvent mal à l'aise et peu en sécurité."
S'étant pour le moment intéressée à l'expérience qu'ont les femmes du harcèlement de rue, l'artiste a également affirmé vouloir inclure dans son projet les hommes qui ont eux aussi subi le harcèlement, notamment en raison de leur orientation sexuelle.
À l'occasion de la semaine internationale contre le harcèlement de rue, Tatyana Fazlalizadeh a également expliqué vouloir organiser vendredi 17 avril 2015 "la nuit du collage" . Le principe ? Que les habitants des grandes villes redécorent les façades des immeubles pour montrer leur soutien à la lutte contre le harcèlement de rue.
"Au-delà de la nuit du collage, l'idée est de créer une nuit de solidarité. Les gens du monde entier peuvent participer à cette action, en sachant que des centaines de gens ailleurs dans le monde sont en train de faire la même chose."
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