Comme chaque année et pour la première fois depuis le Covid, les troupes alpines italiennes se sont retrouvées dans l'une des villes du pays. En 2022, pour la 93e édition de l'Adunata nazionale alpini, ce sont les rues de Rimini, à l'est de Florence, qui ont accueilli l'événement. Seulement encore une fois, l'esprit patriotique du rassemblement où 250 000 à 400 000 visiteur·euses se sont pressé·es, a laissé place à l'indignation.
500 femmes ont affirmé avoir été la cible d'insultes sexistes et de gestes à connotation sexuelle, ainsi que d'agressions sexuelles. Ce chiffre a été révélé par le collectif italien Non una di meno, qui a recensé ces signalements. Une jeune femme a porté plainte le mardi 10 mai contre X à la caserne des carabiniers de Rimini, affirmant que trois Alpins 'ont "entourée" et "insultée avec des phrases à forte connotation sexuelle", rapporte 20 Minutes.
De son côté, l'association, qui encourage les victimes à porter plainte, condamne des faits qui n'ont rien d'inédit. "Ce harcèlement qui se répète à chaque rassemblement ne peut être ignoré comme par le passé".
Une dénonciation que balaye d'un revers de main Carlo Bionaz, président d'une section d'Alpins interrogé par France 3. "Ces histoires n'ont ni queue ni tête", ose-t-il. " Bien sûr que les valeurs de ceux qui ont commis ces actes ne sont pas les nôtres. Mais ils ont été largement amplifiés par les réseaux sociaux. Je note d'ailleurs que sur 150 dénonciations en ligne, une seule a fait l'objet d'une plainte pour l'instant".
Pourtant, les témoignages exprimés sur le compte du collectif féministe laissent peu de doute au caractère de ces actes. "Je suis serveuse dans un bar de Rimini. Pendant le défilé, alors que je venais prendre les commandes, un Alpin a tenté de me lécher les lèvres, pendant qu'un autre mimait un acte sexuel (...) Les gens disent que ce sont de gentilles grivoiseries. Moi, je dis que c'est une agression."
Et Carlo Bionaz de répliquer : "Je ne voudrais que le comportement déplacé de quelques-uns passe sous silence les 5,4 millions d'heures d'aide bénévole données par les Alpins à leurs compatriotes italiens cette dernière année".
"Passer sous silence", l'expression en dit long. Car justement, c'est le vécu des femmes concernées par ces agissements, que Non una di meno tente d'éviter de "passer sous silence".
"Il est clair que le problème n'est pas la réunion en tant que telle, mais le fait que quelque chose de grave et de nuisible à la dignité des femmes s'est produit pendant la réunion", lance à son tour la ministre de l'Egalité des chances Elena Bonetti, dans le journal La Repubblica. Reste à l'adresser fermement.