On croit assister à un cauchemar : afin de diaboliser l'avortement, le gouvernement hongrois, par le biais d'un nouveau décret publié ce 12 septembre au Journal officiel, demande aux obstétriciens et gynécologues examinant les femmes souhaitant avorter de les obliger à écouter "les fonctions vitales du foetus", rapporte le média hongrois Index.
Ce décret est entré en application dès ce jeudi 15 septembre. Et se présente comme une indéniable forme de violence faite aux femmes, souhaitée par le Premier ministre d'extrême droite, Viktor Orban. Alors que la loi hongroise actuelle autorise les interruptions de grossesse au cours des 12 premières semaines de la grossesse pour des raisons médicales, c'est la première fois que Viktor Orban tente de modifier les lois de la Hongrie en matière d'avortement, observe Le Point.
La législation hongroise sur l'IVG n'avait effectivement pas été modifiée depuis 1992.
C'est dire si cette mesure inquiète. La Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) a dénoncé dans un communiqué une "obligation [qui] n'a aucune utilité médicale et ne sert qu'à humilier les femmes". De son côté, l'ONG Amnesty International pointe auprès de l'AFP un "recul inquiétant" qui "traumatisera davantage de femmes déjà en situation difficile".
D'aucuns voient là l'un des signes du pouvoir de l'extrême-droite et de sa montée en Europe : la mise à mal du droit à l'avortement. "Près des deux tiers des Hongrois associent le début de la vie d'un enfant au premier battement de coeur", a de son côté assuré le ministère de l'Intérieur, à propos de cette législation. Et ce malgré le fait que l'appellation de "battements de coeur du foetus", aux premières semaines de grossesse, soit jugée incorrecte par des professionnels de la santé.
Le Parlement européen a de son côté critiqué la Hongrie ce jeudi (15 septembre), qualifiant le pays de "régime hybride d'autocratie électorale".
Selon Courrier international, une manifestation massive devrait prendre place le 28 septembre prochain, date de la Journée mondiale du droit à l'avortement.