La Hongrie n'en est pas à sa première prise de position LGBTphobe. En mai dernier, le gouvernement du président nationaliste Viktor Orban votait la fin de la reconnaissance légale des personnes trans. En décembre, il annonçait une série de mesures répressives et stigmatisantes qui restreignent les droits des personnes non-cisgenres et non-hétérosexuelles.
Les couples de même sexe sont depuis lors interdits d'adoption et la notion de genre est désormais inscrite dans la Constitution, un amendement hallucinant adopté par la majorité des député·e·s du Parlement décrétant : "La mère est une femme, le père est un homme". Pour David Vig, directeur de l'ONG Amnesty International dans le pays, il s'agissait d'"une sombre journée pour la communauté LGBT et un jour sombre pour les droits humains".
Un mois plus tard à peine, les répercussions de ces décisions se font cruellement sentir, jusque dans les livres pour enfants. L'association pour les femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres Labrisz, a ainsi été sommée d'inclure un avertissement dans les pages de plusieurs de ses ouvrages, dont Meseország mindenkié ("Le pays des merveilles est pour tout le monde", en français).
La cause d'une telle demande de la part de l'exécutif ? Cette anthologie de contes de fées pensée pour apprendre aux petit·e·s à respecter l'autre, décrit le Guardian, comprend plusieurs histoires sur des thèmes que Orban et ses partisan·e·s jugent problématiques, et comme relevant de la "propagande homosexuelle".
On y trouve par exemple le récit d'une biche à qui l'on accorde le souhait de devenir un mâle, un poème sur un prince qui en épouse un autre. Des fables qui incarneraient "un comportement incompatible avec les rôles traditionnels des genres", appuie le gouvernement dans un communiqué. Celui-ci entendrait, par cette mesure odieuse, "protéger les consommateurs". Une preuve de plus de l'hostilité assumée des pouvoirs en place envers la communauté LGBT.
De son côté, Labrisz, épaulée par la société Háttér, l'une des ONG LGBTQI les plus anciennes et les plus importantes de Hongrie, a déclaré vouloir intenter un procès contre cette requête "discriminante et anti-constitutionnelle". Espérons qu'à défaut de l'Etat, la justice lui donne raison.