Vous les connaissez, ces insultes ou invectives : "on t'enc*le", "pé*és"... Elles fusent dans les matchs de foot, du côté des supporters, employant chants et réparties plus ou moins subtiles pour narguer et provoquer le camp adverse.
Dans la vie de tous les jours, on appelle ça de l'homophobie. Dans le foot, on appelle ca du "folklore". En 2022 l'alors capitaine des Bleus Hugo Lloris déclarait sans bafouiller : "c'est le folklore, le football... Lorsqu'on est sur un terrain, ça fait partie du décor, les supporters qui chambrent, on peut se faire insulter. À la rigueur, on peut s'en servir comme motivation"
Motivation ? Lunaire quand on sait que, déjà, l'homosexualité dans le foot est un impensé. On a exploré ce vaste sujet dans cet article.
Seulement voilà, le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau se dit qu'envisager ce genre de lexique comme une simple culture de la taquinerie n'est peut être pas si pertinent.
"C'est devenu insupportable. On ne peut plus supporter des chants homophobes. Tout comme on ne peut plus supporter des invectives racistes", proteste le ministre sur France Inter. "Et je serai pour l'arrêt des matches. Lorsqu'il y a un chant homophobe, on arrête…", a poursuivi sur le même ton le responsable politique sur le service public.
Arrêter un match si un chant homophobe retentit ?
Cette proposition fait réagir les supporters sur les réseaux sociaux, et pas forcément de la manière la plus nuancée qui soit. C'est normal : l'initiative politique s'attaque à un gros, un très gros tabou.
Folklore pour certains, homophobie décomplexée pour d'autres, le débat des chants de supporters lors des matchs de foot fait toujours rage. Avec un peu de bon sens, prendre du recul quelques minutes sur le langage employé dans les tribunes donne pourtant un début de réponse. Toute une controverse qu'on vous détaille dans cet article d'ailleurs.
Depuis un bail déjà, et plus encore le match entre le PSG et l'OM, disputé au Parc des Princes à Paris le 24 septembre 2023, SOS homophobie en appelle à asséner "des sanctions fermes et exemplaires prononcées par la commission disciplinaire de la Ligue de football professionnel" envers tout auteur de chant homophobe en stade.
Mais chez les supporters, ca ne passe pas.
"Je savais bien que les wokes causeraient la fin du monde et ils commencent avec le foot", "C'est la mort du football", "C’est super débile", "Le football qui perd son sens", "Arrêtez de nous faire chier les bien-pensant.", ont réagi sur Twitter certains supporters plutôt agacés.
Les "woke", le "wokisme", un mot tarte à la crème employé plus que de raison : on l'a défini pour vous dans cette enquête.
Le ministre de l'Intérieur quant à lui énonce sur France Inter, toujours : "ces chants doivent disparaître des enceintes sportives. Le gouvernement sera d'une très grande intransigeance parce que cette homophobie est banalisée aujourd'hui dans notre société, on a une explosion des actes homophobes depuis plusieurs années. on ne peut plus supporter des violences. Je ne le supporterai plus parce que ce n'est pas les valeurs du sport. Les dirigeants du football français doivent prendre leurs responsabilités. Je veux bien les accompagner"
Sensibiliser, interdire, ou tout simplement : agir. L'association Sos Homophobie expliquait clairement l'an dernier pourquoi un stade de foot peut avoir des répercussions sur une société qu'il reflète : "Ce sont les mêmes insultes qui sont utilisées de façon décomplexée dans les cours de récréation, où " pédé " reste l'une des plus prononcées, et sur les réseaux sociaux".
"Un stade de foot est la caisse de résonnance de la haine anti-LGBTI. Elles banalisent et encouragent l'homophobie dans l'ensemble de la société. Les chants entonnés dans l'enceinte du Parc des Princes sont une manifestation de l'ancrage profond de l'homophobie dans la société française, malgré l'évolution des lois et des mentalités"
Des propos qui vont encore beaucoup faire réagir.