Folklore pour certains, homophobie décomplexée pour d'autres - sachant que l'un n'empêche hélas pas l'autre - force est de constater que le débat des chants de supporters lors des matchs de foot fait toujours rage. Qu'il soit minimisé voir mis sous le tapis, ou bien érigé en combat intime et politique.
Sos Homophobie épingle depuis toujours ce sujet, et cela ne risque pas de s'arrêter : la célèbre association vient de relayer un communiqué dénonçant la démonstration de chants homophobes lors du match entre le PSG et l'OM, disputé au Parc des Princes à Paris le 24 septembre dernier. Des chants qui auraient été entendus pas moins d'une quinzaine de minutes.
"Ce sont des chants qui utilisent des insultes notoirement et profondément homophobes, diffusés en direct devant des dizaines de milliers de personnes et en particulier des jeunes, à grande échelle et à une heure de grande écoute", tacle Sos Homophobie. Qui brandit le carton rogue. Et en appelle à des actes.
Ce sont des insultes ou invectives qu'on entend ou lit dans bien des matchs : "on t'encule", "pédés"... Et pour Sos Homophobie, cela n'a que trop duré. Car ce n'est pas juste une question de "péno" et de tir au but raté.
L'association l'explique clairement : "Ce sont les mêmes insultes qui sont utilisées de façon décomplexée dans les cours de récréation, où " pédé " reste l'une des plus prononcées, et sur les réseaux sociaux, caisse de résonnance de la haine anti-LGBTI. Elles banalisent et encouragent l'homophobie dans l'ensemble de la société. Les chants entonnés dans l'enceinte du Parc des Princes sont une manifestation de l'ancrage profond de l'homophobie dans la société française, malgré l'évolution des lois et des mentalités".
Que faire dès lors ?
Agir, bien sûr. SOS homophobie en appelle à sensibiliser le plus grand nombre (celui-là même qui assiste et participe aux matchs de foot), mais aussi à asséner "des sanctions fermes et exemplaires prononcées par la commission disciplinaire de la Ligue de football professionnel". L'assoce LGBTQ espère notamment une réflexion globale avec la LFP, les groupements de supporters, les chaînes de télévision qui diffusent les matchs.
Un discours qui répond à une trop forte euphémisation. "Après, c'est le folklore, le football... Lorsqu'on est sur un terrain, ça fait partie du décor, les supporters qui chambrent, on peut se faire insulter. À la rigueur, on peut s'en servir comme motivation supplémentaire dans l'adversité, on a envie d'en découdre sur le terrain", expliquait en 2022 l'alors capitaine des Bleus Hugo Lloris.
Il faut dire que les prises de parole concernant l'homophobie dans le foot manquent terriblement. Il y a deux ans, invité dans l'émission "Quotidien", c'est l'ex-joueur Ouissem Belgacem qui s'exprimait... et témoignait du processus de normalisation : "Je ne savais pas, à l'époque, que tous les gens autour de moi avaient tort d'être si homophobes, je pensais que c'était moi vraiment qui était dans le mal". Ca en dit long, non ?